Me serais-je félicité trop tôt du culot monstre dont a su faire preuve Claude Guéant hier soir ? Sitôt lancée, l’opération « Déni de réel », lancée depuis l’Elysée et Beauvau pour tenter d’accréditer la «bonne tenue» de l’UMP aux cantonales a semble-t-il salement loupé sa cible.
Pas besoin d’être gauchiste pour savoir faire une addition, et ainsi, sous le titre: « Cantonales : l’UMP enregistre un recul historique » mon excellente consœur Judith Waintraub du Figaro remet les calculettes à l’heure : « Avec 17 % des suffrages, l’UMP et ses alliés du centre qui se sont présentés sous leur étiquette nationale perdent presque quatre points par rapport à l’élection de 2004, où les mêmes cantons étaient en jeu. Ils avaient fait à l’époque 20,95 % ».
Et pour ceux qui n’auraient pas compris la magouille ministérielle, Judith Waintraub enfonce le clou : « Claude Guéant, en annonçant les résultats encore partiels dont il disposait en milieu de soirée, a additionné d’office au score UMP-centre celui des candidats « majorité présidentielle » (autour de 5,5 %) et celui des divers droite (9,5 %). Ce qui lui a permis d’atteindre un résultat nettement plus flatteur, autour de 32,5 % des voix. D’autant plus flatteur que le nouveau ministre de l’Intérieur s’est bien gardé d’effectuer la même opération avec les voix de gauche ».
Bon, on pourra à juste titre expliquer que Mlle Waintraub, quoique peu suspecte de sujétion idéologique à la gauche, est connue pour son indépendance d’esprit voire ses tendances au ronchonnage. Mais quid de Nadine Morano, qui après quelques circonvolutions assez cocasses a reconnu un recul de 3,5 points de son camp ce matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach ?
S’il n’a même pas réussi à convaincre de la « bonne tenue » de l’UMP la plus godillote des godillots, le ministre va devoir penser à affiner sa com’. D’autant plus que dimanche prochain, quand il faudra annoncer le nombre d’élus gagnés ou perdus par chaque camp, il risque d’avoir un peu plus de mal à brouiller les communications adverses.
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