Elon Musk s’improvise pyromane politique au Royaume-Uni depuis quelques jours, en accusant le Premier ministre Keir Starmer d’avoir été le « complice » de réseaux pédocriminels, ou en qualifiant sa secrétaire d’État Jess Phillips de « sorcière ». Keir Starmer, piqué au vif, se défend. Qui dit vrai ?
« Dans le petit monde où vivent les enfants, rien n’est plus délicatement perçu et senti que l’injustice », disait Charles Dickens. Les sordides affaires d’exploitation sexuelles venues d’Angleterre ces trente dernières années ont ce petit fumet victorien qui rappellera malheureusement l’univers dickensien ou encore Le Peuple de l’Abîme (The People of the Abyss) de Jack London. Elles sont autant de contes cruels où l’innocence a fini immanquablement par être souillée, annihilée à jamais dans les cœurs de petites filles violées par des ogres. Mais les pires ne sont-ils pas tous ceux qui ont refusé d’entendre leurs pleurs et leurs témoignages ? Prises entre le marteau de polices locales du nord de l’Angleterre misogynes qui les voyaient en petites prostituées droguées façon « Christiane F. 13 ans » et l’enclume des élus et travailleurs sociaux plus terrifiés à l’idée de passer pour « racistes » envers la précieuse communauté pakistanaise qu’à l’évocation de ces récits infernaux, les girls d’Oldham, Huddersfield, Rotherham, Rochdale ou Telford ont été sacrifiées à leurs bourreaux.
Une fois cela posé, il faut établir les responsabilités des uns et des autres. Récemment, Elon Musk s’est emparé du sujet et l’a médiatisé mondialement. Si ces affaires étaient très largement connues outre-Manche, mais aussi en France dans une moindre mesure, il faut reconnaître au milliardaire américain d’avoir jeté une lumière crue sur un des drames de société les plus atroces que le monde occidental a connus récemment. Néanmoins, un rappel chronologique des faits s’impose.
Des affaires anciennes et nombreuses
Il serait trop long de faire le détail des multiples rapports et cas de « grooming gangs » composés d’hommes du sous-continent indien. Les victimes se chiffrent en milliers, incluant parfois les parents des infortunées comme ce fut le cas à Telford où l’un des chefs de gangs finit par incendier la maison de Lucy Lowe. De son nom Azhar Ali Mehmood, il mit enceinte Lucy Lowe à l’âge de 14 ans avant de l’assassiner en compagnie de leur enfant né d’un viol, ainsi que de la mère et de la sœur de son esclave sexuelle. En septembre 2022, ce monstre a d’ailleurs demandé sa libération… Un cas parmi des dizaines d’autres.
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Les groupes immigrés du sous-continent indien ont une culture tribale et clanique où la femme est vue comme une marchandise soumise au bon vouloir des hommes. Traitées comme de la viande, les filles anglaises des classes populaires qui ont eu l’infortune de devoir voisiner leurs échoppes ont été manipulées puis détruites entre les mains expertes d’hommes qui ne respectaient aucune règle de notre civilisation. Ils ont aussi su avec habileté et sournoiserie exploiter les immenses faiblesses de l’État de droit britannique, bénéficiant de complicités et d’appuis auprès d’élus municipaux issus de leur communauté et jouant abondamment des failles d’un système judiciaire inadapté à des sociopathes organisés de ce niveau.
Ils ont ainsi pu installer une authentique « traite des blanches » au sein d’un des plus grands pays européens. Plus terrifiante encore fut la passive complicité des travailleurs sociaux et des policiers. Dans une histoire rapportée par The Telegraph, nous apprenons ainsi qu’une victime renommée « Anna » fut mariée de force à son bourreau au cours d’une cérémonie islamique à laquelle a assisté… son assistante sociale. La réalité est que les autorités britanniques locales ont tourné le dos aux victimes par peur du déclenchement « d’émeutes raciales » et parce qu’elles ne souhaitaient pas entacher le village Potemkine du multiculti sauce curry. Impunis, les hommes pakistanais ont donc pu assouvir leurs vices sans risquer quoi que ce soit durant une décennie entière dans ce nord de l’Angleterre désindustrialisé et miséreux.
Dans un rapport indépendant rendu en 2022, il est fait état de faits de corruption des polices locales par la communauté pakistanaise. Il y est aussi dit que la police hésitait à enquêter car cela aurait pu être perçu comme « politiquement incorrect ». À Rotherham, un policier a par exemple expliqué au père d’une jeune victime que la ville « entrerait en éruption » s’il rendait public le viol de jeunes blanches par des Pakistanais. Puis relativisant sur un ton paternaliste, il a ensuite calmement argumenté qu’un « petit ami asiatique (était) aujourd’hui un accessoire de mode » et que le viol servirait de « leçon » à l’adolescente de 15 ans.
Au fil du temps, divers rapports ont d’ailleurs été supprimés et de multiples affaires étouffées. Les hommes pakistanais bénéficiant de l’appui de conseillers municipaux de leurs rangs qui terrifiaient les élus d’ascendance britannique effrayés à l’idée d’être accusés du plus terrible mal de ce siècle : le racisme. En 2004, un documentaire de Channel 4 sur des viols de ce type commis à Bradford fut annulé après que la police le demanda à la chaîne au prétexte que montrer que « les hommes du sud-est asiatique ciblaient les filles blanches » allait augmenter les « tensions raciales ». Selon le Home Office, la moitié des affaires seraient toujours non résolues.
Une prise de conscience tardive
La prise de conscience des plus hautes autorités britanniques fut tardive. Ce n’est finalement qu’il y a une décennie environ que les premières voies célèbres se sont élevées contre ses horreurs. Keir Starmer déclarait en 2012, alors qu’il était « procureur général » de Grande-Bretagne et du Pays de Galles : « Les violeurs d’adolescentes ont échappé à la justice parce que la police, les procureurs et les tribunaux n’ont pas compris la nature de leurs abus ». Il n’avait pas hésité aussi à affirmer alors que « dans un grand nombre de cas, il y a un problème ethnique majeur qui doit être compris » et que les procureurs ne devaient pas avoir peur « de le dire ». Tout aussi important, il a expliqué que les victimes n’avaient pas été crues car elles n’étaient pas jugées crédibles – témoignage d’un toujours vif mépris de classe ayant cours en Grande-Bretagne où les natifs sont encore plus prolétarisés que les immigrés dans de nombreux endroits.
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On comprend donc qu’il soit courroucé d’avoir été jugé « complice » des crimes atroces rapportés. Il ne le fut pas. Mais la mollesse et le temps pris par la société britannique de même que son inaptitude à comprendre qu’elle devait mettre un terme à l’immigration pakistanaise aura fait couler une « rivière de sang ». Les Anglais ont collectivement failli. Du reste, Monsieur Starmer a laissé le cas de Rochdale perdurer car c’est sous sa direction que le traitement judiciaire de l’affaire fut abandonné.
Elon Musk n’a évoqué le sujet qu’après que Keir Starmer a déclaré qu’il ne voulait pas qu’une enquête publique soit diligentée sur les grooming gangs. Cela l’a scandalisé à juste titre, mais il a aussi utilisé et exploité cette affaire de manière excessive dans l’optique de déstabiliser la Grande-Bretagne. Que les autorités britanniques aient manqué de courage et aient même fait montre de complicité sont aussi des vérités. Jess Phillips, actuelle ministre à la protection des plus vulnérables, a d’ailleurs révisé son jugement après les polémiques, indiquant qu’elle était désormais ouverte à l’idée d’une enquête publique si les victimes en faisaient la demande. Mais rien n’y a fait, le Parlement travailliste a massivement voté contre la tenue d’une enquête nationale par 364 voix contre 111. Pourquoi une telle décision ? Pourquoi une telle lâcheté ? Que cela dit-il du féminisme de façade de certains ?
On s’étonnera aussi du silence des stars hollywoodiennes pourtant si promptes à dénoncer les abus sexuels quand il s’agit de MeToo. Si l’Europe ne veut pas subir les exagérations et les déstabilisations d’Elon Musk, elle doit comprendre qu’elle a le devoir impératif de faire un grand ménage dans ses rangs.