Dans une nouvelle enquête de Bmore, Grégoire Bouillier explore le mystère des Nymphéas de Claude Monet…
« C’était la première fois que j’allais voir Les Nymphéas de Claude Monet. […] J’ai été pris de vertige, d’angoisse. Je me suis senti terriblement oppressé. Cela a été immédiat. Tout juste si je n’ai pas fait un malaise. » À l’évidence, Grégoire Bouillier, redevenu Bmore, le détective qu’il créa jadis dans Le cœur ne cède pas (Flammarion, 2022), est saisi d’un sentiment persistant de tristesse. C’est le syndrome de l’Orangerie. La mort, il voit la mort sur les panneaux de la « Sixtine de l’impressionnisme », comme disait André Masson. Faut-il préciser que les nymphéas, si l’on en croit Pline l’Ancien, incarnent la mort du désir ? C’est que le nénuphar blanc est réputé anaphrodisiaque, tueur de libido. Il n’en faut pas davantage pour que l’enquête débute, laquelle réserve bien des surprises. Elle va nous conduire à Londres, au Japon, à Auschwitz-Birkenau et à Giverny. Oui, Giverny où l’étang cache un charnier ! Axe de l’enquête que mène Bmore : la vie et l’œuvre du maître – sa vie sentimentale aussi.
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« On ne comprend rien aux Nymphéas si on croit qu’ils copient la nature, fût-ce au travers le voile de l’âme », nous dit Bouillier-Bmore. Et c’est précisément ce voile qu’il souhaite, à toute force, lever : « Les nymphéas sont bien des “fleurs du mal”. »
L’humour n’est pas la moindre des qualités de Grégoire Bouillier. L’humour et sa vitesse d’exécution ! L’humour et son érudition qui n’est, par conséquent, jamais pesante. À n’en pas douter, entre l’œil qui voit et la chose qui est vue, il y a mystère.
Grégoire Bouillier, Le Syndrome de l’Orangerie, Flammarion, 2024.