La malheureuse aide-soignante Moon-Jung s’occupait tant bien que mal à domicile de deux vieillards, jusqu’au jour où…
Coup de cœur pour la Corée (du Sud) ? Le premier long métrage de Lee Solhui, née en 1994, en propose une image singulièrement noire. Moon-Jung, séparée de son fils adolescent par les troubles psychiatriques qui assaillent cette femme borderline (elle s’autopunit en se foutant des baffes) dont la génitrice gâteuse réclame ses soins, survit tant bien que mal dans une sorte de grande tente bâchée de noir et, faute de subsides pour se payer des consultations de psy, a intégré une thérapie de groupe gratuite, mais un peu niaise. « Tu pourras me supporter ? », questionne-t-elle son enfant, dubitative quant au résultat. Perturbée mais secourable, Moon-Jung est auxiliaire de vie au domicile d’un couple de vieillards : le mari, homme de culture égotiste et policé, devenu aveugle et tendanciellement suicidaire, croit couver la maladie d’Alzheimer, tandis que l’épouse, frappée quant à elle de démence sénile, pique des crises de violence incontrôlables tel un bébé de deux ans. Un événement dont on vous laisse ici la primeur provoque chez Moon-Jung (par ailleurs harcelée par la petite Soon-Nam, lolita rencontrée dans le groupe psy et en déficit cognitif manifeste), une décision fatale qui par ricochet va finir de consommer jusqu’à l’horreur cette insondable tragédie du genre humain. L’universelle déprime de ces corps à corps ravinés et souffrants nous est ici rendue de façon toute clinique, sans musique ou presque d’un bout à l’autre de ces deux heures quarante que dure Green House. Ouf. En sortant du ciné, partez fissa vous mettre au vert, ça vous changera les idées !
Green House. Film de Lee Sol-hui. Corée, couleur, 2023. Durée : 1h40. En salles le 29 mai 2024.
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