(Avec AFP) – Il paraît que rien ne sera plus jamais comme avant, Tsipras étant du bois dont on fait les grands hommes dans les périodes de troubles. Or, largement victorieux du referendum grec, le Premier ministre vient de faire un geste à l’égard de ses créditeurs en limogeant son ministre des Finances Yanis Varoufakis. Le professeur d’économie, marxiste tendance Karl, dit aujourd’hui faire les frais de la pression que les créanciers d’Athènes ont mise sur le chef du gouvernement grec. Après avoir été écarté des négociations il y a un mois, le turbulent Varoufakis s’était contenté du ministère de la parole, le matin morigénant Berlin pour son orthodoxie budgétaire, l’après-midi traitant les institutions financières internationales de « terroris(tes) » à la suite de la sévère cure d’austérité imposée à son pays.
Mais voilà, on peut déplorer la fermeture des banques, les menaces incessantes brandies contre une Grèce belle et rebelle, la démocratie grecque a livré son oracle, avec une offrande à la clé : la tête de Varoufakis. Nom de Zeus, on n’est jamais trop prudent à la veille d’un sommet franco-allemand à Paris, qu’on dit crucial pour l’avenir de la Grèce dans l’euro. Son trublion sacrifié, Tsipras fait la preuve de son génie machiavélien. Loin de vouloir écraser ses interlocuteurs teutons avant le Grand soir, le chef de Syriza leur offre leur ennemi juré comme ministre émissaire afin de faire monter les enchères lors des prochaines négociations.
Dans les années 1980, Margaret Thatcher avait obtenu de ses partenaires européens un rabais financier compensant la contribution britannique au budget de la Politique Agricole commune. En plein bras de fer avec la Dame du même métal, Jacques Chirac, alors locataire de Matignon, avait lancé : « Elle veut mes c… sur un plateau ! » On espère l’amputation symbolique pas trop douloureuse pour le pauvre Yanis Varoufakis…
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