Dans les Cyclades, les autochtones fourmillent d’idées pour inventer des traditions aux allures authentiques qui enchantent les touristes.
Les récentes mobilisations en Espagne contre les effets pervers du tourisme de masse ne devraient pas nous faire oublier que nous sommes à la fois des touristes en quête d’un dépaysement et des résidents bouleversés par des gens comme nous venus chercher leurs ailleurs « chez nous ». Cette dichotomie est l’une des grandes schizophrénies contemporaines, avec celle qui oppose en nous le citoyen (patriote économique) et le consommateur (qui veut des prix chinois). Or, dans les deux cas, les tensions s’exacerbent et le « deal » devient moins intéressant : le produit bon marché finit par nous coûter notre emploi et le tourisme de masse nous condamne à une double peine. Notre « chez nous » s’adapte aux touristes, avec ses logements et ses commerces, et notre « ailleurs » ressemble à un mélange de Carcassonne, des Baux-de-Provence et du Mont-Saint-Michel : des extensions d’aéroports dans un décor de cinéma. Pourtant, si dans des ruelles truffées d’ateliers d’artistes et de restaurants « typiques » le caractère fabriqué de l’environnement dans lequel on traîne ses espadrilles n’échappe à personne, certains endroits nous semblent toujours authentiques. Ce n’est jamais qu’à moitié vrai : brutalement ou subtilement, le tourisme façonne, quoique pas toujours consciemment, tous les lieux visités de la planète. La Grèce en est un exemple parfait.
La salade grecque, un mythe
