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Mauvais anniversaire en Grèce


Le 6 mai 2012, alors que François Hollande célébrait son accession à la magistrature suprême devant la cathédrale de Tulle, le parti néonazi Aube Dorée entrait pour la première fois au Parlement grec, raflant 21 sièges d’un hémicycle qui n’en contient que 300, après avoir recueilli 6,97% des voix. Aube Dorée devenait ainsi le sixième parti politique du pays, devant la Gauche démocrate.
Le jour même de sa  victoire, Nikólaos Michaloliákos donnait le ton : « L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie »  s’époumonait-il, fustigeant tour à tour les « usuriers mondiaux », l’Union européenne et le FMI. Depuis, ses militants battent le terrain pour s’attirer la sympathie des électeurs au moyen de rondes de sécurité dans les quartiers malfamés, de distributions de soupes populaires ou de services aux personnes âgées.
En réduisant les salaires minimum, en déréglementant le marché du travail, en supprimant bon nombre d’emplois publics et en opérant des coupes sur les pensions de retraite, les instances financières internationales ont saigné à blanc toute une population pourtant historiquement attachée à la démocratie et à l’esprit de résistance.
Attaqués par l’Italie de Mussolini en octobre 1940 puis par l’Allemagne nazie en mars 1941, les descendants de Démosthène tinrent le siège durant plus de six mois. En avril de la même année, le drapeau grec flottait toujours sur l’Acropole et lorsque les Allemands demandèrent au jeune evzone, Konstantinos Koukidis, de le remplacer par la croix gammée, il refusa de leur rendre la bannière de sa patrie, préférant se jeter du haut de la citadelle après s’en être enveloppé. Un mois plus tard, deux étudiants, Manolis Glezos et Apostolos Santas défiaient l’occupant en descendant la flamme nazie qui surmontait le plateau rocheux avant de l’envoyer au fond d’un puits où, selon la mythologie, se tenait le serpent qui gardait l’Acropole.
Soixante ans après, c’est avec la même verve de jeune étudiant inconscient que Manolis Glezos repartait au combat pour « arrêter cette politique irresponsable et criminelle d’austérité et de privatisation, qui conduit à une crise pire que celle de 1929 » ainsi qu’il le confiait à nos confrères de Libération au mois de février 2012. Le vieux monsieur dénonçait alors « une poignée de banques internationales, d’agences d’évaluation, de fonds d’investissement […] qui revendiquent le pouvoir en Europe et dans le monde et se préparent à abolir [les] Etats et [la] démocratie en utilisant l’arme de la dette ». C’était moins de trois mois avant que le parti Aube Dorée ne fasse son entrée au Parlement.



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