La mairie de Paris n’en a fait qu’à sa tête. Alors que le tout nouveau gouvernement avait banni l’écriture inclusive des documents officiels en 2017, c’est avec ébahissement que des élus de l’opposition ont découvert le mois dernier une plaque d’or rendant hommage aux présidents du Conseil et aux conseillers de Paris ayant effectué plus de vingt-cinq ans de mandat, dans la galerie du Conseil, retouchée à l’écriture woke. De quoi susciter de vives contestations.
Faut-il « dégenrer » le marbre ? Oui, a tranché la mairie de Paris. En 2015, le groupe d’opposition de droite Changer Paris a émis le souhait de rendre hommage aux présidents du conseil de Paris et aux conseillers ayant plus de vingt-cinq ans de mandat. En 2017, la proposition est votée et les plaques posées. En novembre de la même année, Édouard Philippe ordonne à ses ministres de bannir l’écriture inclusive des textes officiels, « notamment pour des raisons d’intelligibilité et de clarté de la norme ». Dans la foulée, Jean-Michel Blanquer interdit l’enseignement de l’écriture inclusive à nos enfants. Pourtant, la mairie de Paris fait part de son intention de faire sécession : quoi qu’il en coûte, elle continuera à féminiser à sa façon les textes officiels, prévient-elle. En décembre 2021, dans la galerie du Conseil des ministres, des élus de l’opposition découvrent ébahis que les deux plaques en question ont été retouchées au burin et à l’or fin. Sur le marbre, on lit désormais « conseiller.e.s de Paris » et « president.e.s du conseil de Paris ». Changer Paris accuse la majorité socialiste d’avoir réalisé la modification en catimini. D’après Le Figaro, le changement a été effectué en janvier 2019, pour un coût de plus de 18 000 euros. Le coup de burin dans le dos a résonné jusque dans les couloirs du palais Bourbon. François Jolivet, député marcheur à l’origine d’une proposition de loi déposée en février 2021 visant à prohiber l’écriture militante dans les documents administratifs en est resté pantois. « Ces plaques commémoratives rédigées en écriture dite “inclusive” sont-elles de vraies plaques mairie de @Paris ? » a-t-il tweeté. D’ici 2026, peut-on imaginer des plaques à la mémoire des « combattant.e.s mort.e.s pour la France » ? Dans le « Paris en commun » d’Anne Hidalgo, tout semble désormais possible.