Accueil Édition Abonné GPA: le courage de Marion Maréchal

GPA: le courage de Marion Maréchal

Un billet de Marie-Hélène Verdier


GPA: le courage de Marion Maréchal
Marion Maréchal sur CNews, critiquée pour un tweet sur la GPA, 24 avril 2024. Capture YouTube.

Elle est venue, vêtue d’un blouson noir, encaisser les coups. En vraie femme politique. Elle ? La tête de liste de Reconquête. S’exprimant avec une clarté et une concision que beaucoup devraient lui envier, elle était mercredi, à l’émission de Pascal Praud, pour répondre d’accusations du « crime pensée » orwellien par excellence : celui d’homophobie.

La GPA n’enlève rien à personne, vraiment ?

Son crime, on le connaît. Alors qu’elle devait se réjouir de la naissance de « deux merveilleux enfants » au sein d’un couple de deux « papas », elle a posé la question qui fâche : où est « la maman » ? La réaction de la fâchosphère fut prompte. « Propos dégueulasse… homophobie décomplexée… Je préférerais avoir deux papas plutôt qu’une mère comme Marion Maréchal. » Quant au présentateur, sans donner la parole à son invitée, il a, d’entrée de jeu, amené le curseur  de l’entretien sur un terrain tabou, en posant à Marion Maréchal « la » question qui dérange : «  Vous étiez pour le mariage pour tous, n’est-ce pas » ? Après cette question et sa réponse, point n’était besoin d’arguments. L’affaire était entendue. Ne fut même pas omis l’intérêt bien compris d’une GPA qui n’enlève rien à personne !

Face à son auditoire pour ne pas dire ces juges, Marion Maréchal a répondu ce que tout le monde sait. Etre « contre » la GPA n’a rien à voir avec l’homophobie. Elle est un commerce. C’est difficile à entendre ? Pas de « oui, mais » : cette pratique est interdite par la loi. En 2017, Macron ne s’est-il pas engagé à maintenir son interdiction « au nom de l’éthique et de la dignité » ? 

Encore un mot

Un point à préciser au très bon article de Céline Pina1. Le 23 avril, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la pratique de la GPA, la qualifiant de « traite humaine. » Mais ce texte de condamnation vise une GPA « forcée » sans obligation pour les Etats membres de modifier leur législation pour cela. Autant dire que cette reconnaissance qui n’a aucune valeur contraignante n’est qu’une posture humaniste. Que devient, en effet, « le certificat européen de parentalité » qui reconnaît de facto la GPA ? Il n’est pas aboli. D’où la nécessité de continuer la lutte, comme le fait l’association « Juristes pour l’enfance », dirigée par Aude Mirkovic, juriste et universitaire, signataire de la Déclaration de Casablanca, luttant pour l’abolition universelle de la GPA.

On voit bien l’intérêt de ce buzz autour de ce faire-part de naissance de deux jumelles. Tout le monde le sait que la GPA est un contrat qui chosifie l’enfant. Qu’il est totalement inégalitaire de refuser la GPA quand on accepte la PMA. Sauf qu’il est grand temps, pour le quinquennat qui a du plomb dans l’aile, de titiller l’affect de l’électorat dans le seul domaine— sociétal— où Macron réussit. La GPA est interdite ? Il faut banaliser cette pratique en émouvant l’opinion. En usant de matraquage. Alors, les cas de couples seront si fréquents, si célèbres, si emblématiques, que les cas particuliers feront jurisprudence. Et, au bout d’un temps, la GPA entrée dans les moeurs, sera consacrée par la Chambre. 

Un sujet sur lequel les voix sont muselées

Loin de moi l’idée d’accuser les journalistes dont le travail est rendu très difficile par les anathèmes et les condamnations. La liberté d’expression est muselée en France dans les médias et dans la vie politique. Le politiquement correct règne en maître. Louer le ventre d’une femme ne devrait pas faire débat. Qu’il faille du courage pour le dire ouvertement est quand même étonnant. Aussi faut-il saluer celui de Marion Maréchal, la seule femme politique, à poser la question  : est-il moralement bon de légaliser la GPA ? Car c’est sa légalisation que l’on prépare à grand prix.

L’accusation d’homophobie est celle du crime pensée par excellence dans le monde orwellien devenu le nôtre. Cette émission, hier, avait un goût désagréable. Peut-on encore le dire librement ?  


  1. https://www.causeur.fr/simon-porte-jacquemus-ou-est-la-maman-gpa-281401 ↩︎




Article précédent Alice et le lapin noir
Article suivant Dignitas infinita, la déclaration attendue de l’Église catholique sur la dignité humaine
Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération