Accueil Monde Goldstone II : accablant, mais surtout pour le Hamas

Goldstone II : accablant, mais surtout pour le Hamas


photo : Galerie de photos de United Nations Information Service - Geneva

On se souvient du tapage médiatique qui, en France, avait suivi la publication, en septembre 2009 du rapport de la commission présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone, mandatée par la Commission des Droits de l’homme de l’ONU pour enquêter sur l’opération « Plomb durci» à Gaza. « Accablant», tel était l’adjectif systématiquement brandi par les journalistes et commentateurs ravis de tenir les preuves irréfutables de l’ignominie d’Israël, de son armée et de ses dirigeants.

N’y était-il pas écrit noir sur blanc, en conclusion, qu’Israël et la Hamas s’étaient rendus coupables « d’actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité » ? L’opprobre, bien entendu, était jeté tout entier sur Israël, au nom de l’énorme disproportion entre le nombre des victimes, 13 Israéliens tués par des tirs de roquettes, environ 1400 morts côté palestinien.

« Lisez le rapport Goldstone ! ». C’était l’argument ultime pour réduire au silence ceux qui, même sans approuver inconditionnellement cette opération de représailles, émettaient quelques doutes sur les affirmations du Hamas et de ses soutiens extérieurs. L’armée israélienne avait, expliquaient-ils, ciblé volontairement les populations civiles : crimes de guerre, donc, et même contre l’humanité, passibles de la justice pénale internationale.

« Rapport Goldstone ! », rétorque Stéphane Hessel au dernier Salon du livre de Paris à deux jeunes étudiants juifs qui lui demandent de s’indigner de l’assassinat, dans une implantation juive de Cisjordanie d’une famille entière, dont un bébé de trois mois…

Désormais, il ne sera plus aussi commode à ces belles âmes compassionnelles et vociférantes de prononcer ce mot magique, ce shibboleth censé séparer le bon grain palestinophile de l’ivraie sioniste.
C’est Richard Goldstone lui-même qui a formulé, dans une tribune du Washington Post publiée le 1er Avril, mais qui n’a rien d’un canular, la phrase qui devrait désormais interdire d’utiliser son nom et son œuvre pour clouer Israël au pilori de l’Histoire : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, le rapport Goldstone aurait été différent. »

On a enquêté en Israël, pas à Gaza

Cela demande quelques explications, que l’on ne trouvera naturellement pas dans nos grands médias nationaux, ni sur les sites web qui avaient, en 2009, donné un large écho à ce rapport (ils se reconnaîtront) et se contentent aujourd’hui de répercuter sèchement les dépêches faisant état du revirement de Richard Goldstone. Ce qui a conduit ce dernier à réviser son jugement, c’est la lecture du rapport du « comité d’experts indépendants des Nations-Unies » présidé par Mary McGowan Davis, une ancienne magistrate de New York. Cette commission, formée sur la recommandation du rapport Goldstone, était chargée d’évaluer les réponses apportées par les parties mises en cause sur les cas évoqués dans ce rapport. Le comité d’expert a estimé « qu’Israël avait consacré d’importants moyens à enquêter sur plus de 400 allégations de crimes de guerre attribués à son armée, alors que les autorités de facto de Gaza (i.e. le Hamas) n’ont procédé à aucune enquête sur les tirs de roquettes et de mortier sur les populations civiles israéliennes ».

Ce rapport sur le rapport n’est pas destiné, pour l’instant, à être rendu public, mais Richard Goldstone a pu en avoir connaissance. Il a pu prendre la mesure, à la lecture des réfutations documentées et étayées de chacune de ces allégations par la police militaire israélienne, de la campagne d’intoxication dont la commission a été victime lors de ses investigations à Gaza. On lui a menti en long, en large et en travers. Les commissaires ont été abreuvés jusqu’à plus soif de récits d’atrocités commises de sang froid par les soldats de l’Etat juif. Tous faux, ou pour le moins largement romancés.

« Balivernes ! », rétorqueront les vociférants cités plus hauts, « Quelle confiance accorder à une armée qui enquête sur ses soldats à l’abri de tout regard extérieur ? ». Tout d’abord, signalons qu’aucune armée d’une grande démocratie n’a accepté, à ce jour, que des enquêteurs extérieurs viennent juger du comportement de leurs soldats.

Les victimes de guerre ne prouvent pas les crimes de guerre

De plus, s’ils avaient été un peu curieux, ces sceptiques auraient pu constater que tous les responsables d’unités de Tsahal mis en cause dans le rapport Goldstone ont été soumis à des interrogatoires serrés de la police militaire israélienne. Gardés à vue pendant des heures, ces officiers ont été cuisinés sans ménagements sur le contenu des rapports fournis à leur hiérarchie à propos des opérations dont ils avaient eu la responsabilité. Ceux dont ont a pu prouver qu’ils avaient, par négligence ou incompétence, causé la mort de civils, font l’objet de procédures disciplinaires dont Richard Goldstone se dit persuadé qu’elles aboutiront à des sanctions adaptées. Mais dans aucun des prétendus crimes de guerre évoqués dans son rapport, il n’a pu être établi qu’il existait une volonté manifeste de tuer des non-combattants.

Goldstone ne fait pas de morale, il dit le droit, ce qui est son métier. Ce qui est constitutif du crime de guerre n’est pas le nombre des victimes civiles mais le fait d’en faire des cibles d’une action militaire. Le cas est sans appel en ce qui concerne le Hamas : les tirs à l’aveugle sur les localités israéliennes proches de Gaza relèvent de cette jurisprudence. Les récits doloristes recueillis par la commission Goldstone lors de son enquête à Gaza omettent systématiquement de signaler que les populations civiles ont été sciemment utilisées comme boucliers humains par les lanceurs de roquettes. La responsabilité des pertes civiles est donc, pour le moins, partagée entre l’armée israélienne et les milices du Hamas.

La ligne de défense des inconditionnels de la diabolisation d’Israël est désormais accrochée à deux bastions. Le premier consiste à affirmer que Goldstone a craqué sous la pression d’Israël et des institutions juives, qui l’ont harcelé jusqu’à le déclarer persona non grata à la bar-mitzvah de son petit-fils à Johannesburg[1. Ce qui est, bien entendu, stupide et contre-productif]. On leur objectera que s’il avait souhaité éviter de nouveaux ennuis, bien plus pénibles, il aurait évité de se distancier d’un rapport dont il avait été le principal responsable : personne n’exigeait cela de lui.

L’autre argument consiste à balayer du revers de la main les doutes de Goldstone en martelant que les Israéliens ont tué 1400 combattants et civils palestiniens à Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 et que cela seul suffit à les condamner au regard de l’Histoire.

À cela on ne peut que répondre qu’il est pour le moins inconséquent d’évoquer sans cesse les infractions au droit international commises par Israël et de le condamner encore lorsqu’il est établi que ce droit de la guerre – jus in bello – a été respecté par l’Etat juif.

Richard Goldstone est un homme honnête, ce qui ne lui rend pas la vie facile.

(1) Ce qui est, bien entendu, stupide et contre-productif



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