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La préférence pour l’Autre, même s’il est méchant…

Le Conseil d'État a "enjoint" à la France, jeudi 7 décembre, de faire revenir un Ouzbek pourtant jugé dangereux


La préférence pour l’Autre, même s’il est méchant…
Gilles-William Goldnadel © Photo: Hannah Assouline

Le Conseil d’État a ordonné au ministère de l’Intérieur de permettre le retour en France d’un Ouzbek proche de la mouvance djihadiste. Qu’en pense le président d’Avocats sans frontières ?


Je pointe depuis longtemps la préférence pour l’Autre comme le signe le plus manifeste de la pathologie occidentale. Si l’on doit préférer le lointain à son prochain, c’est donc que le premier est meilleur que le second. Ce racisme à l’envers est devenu aujourd’hui tellement ordinaire qu’il semble presque à l’endroit.

Pour le dessiner de manière chromatique, une partie de la société occidentale daltonienne voit désormais le blanc tout en noir. L’une des spécificités de cette pathologie psychologique collective se manifeste par le fait que, pour la première fois dans l’histoire de l’Occident, c’est la population majoritaire qui subit le racisme systémique.

L’autre spécificité de cette détestation atypique est qu’elle a été initiée par des membres de la population victime. Pour le dire plus clairement, ce sont des Blancs d’extrême gauche qui, dans les années 1970, ont expliqué que les policiers français étaient des SS nazis, que Monsieur Dupont-Lajoie, le Français moyen, était un beauf à béret raciste et pétainiste, et que, par voie de conséquence, la population étrangère immigrée, et principalement l’Arabe anciennement colonisé, était le nouveau Juif.

C’est à ce moment précis que SOS Racisme posa une petite main jaune sur la poitrine de ses potes. Puis, quelques décennies plus tard, les compagnons de Mélenchon, lors d’une manifestation islamiste, épinglèrent une étoile jaune sur le torse de leurs amis soi-disant victimes de l’islamophobie. L’un des drames les plus conséquents de ce psychodrame consternant habite dans le fait qu’une partie de la population immigrée a fini par adhérer à ce scénario plus hystérique qu’historique selon lequel il serait vain de se battre pour progresser tant les dés seraient pipés. Il est difficile de résister au confort tentant d’une idéologie victimaire.

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De l’autre côté de l’océan Atlantique, sur la base d’autres références historiques, le même racisme a été installé sur fond de Black Lives Matter. Dans une récente intervention, j’ai montré comment les juifs blancs américains en faisaient les frais. Mais là où cette dilection pour l’altérité prend un tour suicidaire, c’est quand la préférence pour l’Autre s’applique… même quand celui-ci est méchant !

J’ai montré dans ma précédente chronique dans ces pages que les assassinats ou les viols suivis d’éventrations de femmes juives et blanches le 7 octobre dernier n’ont pas été pris en compte par les féministes gauchisantes, qui tueraient pour un simple regard appuyé ou un comportement inapproprié, parce que, pour elles, les mâles non blancs du Hamas ne sauraient  être vraiment méchants. Je veux écrire aujourd’hui qu’un Ouzbek prodjihadiste a été épargné par la Cour européenne des droits de l’homme, puis par le Conseil d’État très exactement pour les mêmes inconscientes raisons.

Voilà un étranger, admirateur de l’islamiste Iquioussen, considéré comme dangereux pour nos compatriotes par les services de renseignements français, mais que les juges européens puis français veulent voir revenir sur notre territoire, car il serait en danger dans son pays… dans lequel pourtant il avait décidé de repartir. Je ne suis pas sûr que la Cour européenne défende le droit des hommes sans défense ni que le Conseil défende le droit d’un État protecteur.

On avait connu pire : la France condamnée par la justice européenne pour avoir expulsé vers son pays l’Algérie un terroriste islamiste condamné. Une expulsion jugée fautive, car l’expulsé s’exposait à quelque péril en rentrant chez lui. Preuve étant ainsi rapportée que l’on préfère voir les siens innocents encourir des risques plutôt que l’Autre, même s’il est méchant. À ce stade, on peut parler de pathologie suicidaire.

Enfin, de grâce, que l’on m’épargne le couplet sur l’État de droit. Un État de droit à la carte n’est pas le droit. Non plus que la justice à la tête du client n’est juste. Les mêmes qui voudraient religieusement respecter les décisions d’une Cour européenne, dont on sait les tropismes idéologiques, ne sont en rien gênés par le fait que les migrants illégaux piétinent notre droit des étrangers. Les mêmes qui nous expliquent doctement que les juges du Conseil d’État ne sauraient se tromper, militent pour la sainte rébellion écologique et la pieuse désobéissance civique. Ces mêmes sont des tartuffes en robes de Justes.

Je n’ai rien contre l’Autre, sauf s’il est méchant. Je n’ai rien contre lui, mais je suis pour les miens.

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