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Gilets jaunes : les bruns, les rouges et les juifs

Enquête sur l'antisémitisme


Gilets jaunes : les bruns, les rouges et les juifs
Acte VIII des gilets jaunes, Rouen, janvier 2019. Crédit : Charly Triballeau/AFP.

En marge des manifestations, les actes antijuifs se sont multipliés. Mais si les gilets jaunes pratiquent une forme de violence insurrectionnelle, ils cèdent moins à l’antisémitisme qu’à son fourrier complotiste. Et sont la proie de tous les noyautages. Enquête.


Ça a débuté comme ça. Aux alentours de Noël, une vieille dame juive se fait insulter par des gilets jaunes adeptes de la quenelle puis des dieudonnistes éméchés chantent l’hymne de la quenelle devant Montmartre. Cinq semaines passent. Le 2 février, devant la synagogue de Strasbourg, des gilets jaunes crient « sales juifs », font des bras d’honneur, lancent des pétards et urinent sur le mur de l’édifice. Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 février, la vitrine d’un magasin Bagelstein de l’île Saint-Louis est maculée de l’inscription « Juden » (« juifs », en allemand). Trois jours plus tard, on retrouve des boîtes aux lettres décorées de portraits de Simone Veil recouvertes de croix gammées en face de la mairie du 13e arrondissement. À Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), le tronc de l’arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi a été scié. L’avant-veille, lors de l’acte XIV des gilets jaunes, une poignée de manifestants avait violemment invectivé Alain Finkielkraut : « Sioniste de merde ! », « La France, elle est à nous », « Rentre chez toi ! »

L’Allemagne atteint un pic d’antisémitisme 

Si l’académicien relativise les élucubrations de son principal agresseur salafiste à keffieh, sur le groupe Facebook « Je suis gilet jaune », les réactions sont mitigées. Parmi des milliers de membres, une grosse majorité dénonce un coup monté pour les discréditer. Certains condamnent l’antisémitisme. D’autres, un peu plus nombreux, attaquent bille en tête le supposé racisme et « l’islamophobie » de Finkielkraut.

Mettons les choses au point : les chiffres de l’antisémitisme n’ont pas attendu les premières manifestations des gilets jaunes pour bondir. Dès début novembre, le Premier ministre annonçait 69 % de hausse du nombre d’actes antisémites par rapport à l’année précédente, soit le retour à l’étiage de 2006. Depuis, un projet de loi contre la propagation des discours de haine sur internet est dans les tuyaux.

Le phénomène ne se cantonne pas à l’Hexagone puisque l’Allemagne a atteint son plus haut niveau d’antisémitisme jamais enregistré en dix ans. La faute à l’extrême droite pour les uns, aux migrants pour les autres. En tout cas, rien à voir avec notre conflit social bien franchouille.

Déclenchée le 17 novembre contre l’augmentation du prix du gasoil, « la manifestation des gilets jaunes est la poursuite dans la rue de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Ce n’est qu’un révélateur, pas un déclencheur. En toute impunité, un twittos ou un facebooker peut tenir les pires propos racistes », déplore le président de la Licra, Mario Stasi. S’il n’incrimine pas les centaines de milliers de Français qui ont bloqué des ronds-points et


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Mars 2019 - Causeur #66

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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