Selon la ministre de la Culture, l’acteur fait honte à la France. Emmanuel Macron, qui ne l’entend pas de cette oreille, recadrera-t-il Rima Abdul-Malak ? Le regard libre d’Elisabeth Lévy
La famille Depardieu fait bloc autour de Gérard, dans une tribune1 publiée par le Journal du Dimanche signée par sa fille Julie, son ex-femme Elisabeth et d’autres membres de la famille. Rappelons que sur France 2, Complément d’enquête a diffusé des extraits des rushs du film de Yann Moix (sans son accord). Sur ces chutes, le comédien profère des blagues graveleuses sur un ton rigolard. Il semble faire des commentaires sexuels sur une très jeune cavalière.
Je l’avoue, ça ne m’a pas choquée. Apparemment, notre pays est peuplé de gens intraitables sur la pudeur, la belle langue et l’humour convenable. La diffusion de ces images a déclenché un tel hallali qu’on avait l’impression qu’il avait agressé la fillette.
Tous les lyncheurs devraient lire le texte du Journal du Dimanche :
On y apprend apparemment que le montage de Complément d’enquête était manipulatoire – c’est ce que dit Yann Moix – et que Gérard Depardieu qui appelle tout le monde « fifille » ne parlait pas de la fillette. « S’agissait-il, se demande sa famille, de le faire passer pour pédophile ? » Quoi qu’il en soit, il s’agit une fois de plus d’une terrible faillite du tribunal médiatique.
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« Il faut cesser l’amalgame entre les paroles et les actes. Grossier, grivois, gaulois, lourd parfois mais pas violent ! » peut-on aussi lire. Oui : blagues lourdes et propos salaces ne sont pas un crime. Et de plus, c’est pour ses excès qu’on aime Depardieu depuis les Valseuses. « Pour lui et pour toute la famille les dégâts sont indescriptibles ». Les inquisiteurs en chambre qui jugent et condamnent sans avoir la moindre idée des faits dont ils parlent doivent savoir qu’ils détruisent aussi des enfants, des épouses, des amis. Bref, des êtres humains qui ont droit à la vie privée.
Et la ministre de la Culture a donc condamné le comédien. C’est encore plus grave. Mais pas étonnant. Rima Abdul-Malak rate rarement l’occasion de proférer une énormité. Et elle a une conception baroque des institutions. Au mépris de la séparation des pouvoirs, elle avait menacé C8 et CNews de les priver de fréquence, ce qui n’est pas dans ses attributions. Certes, Gérard Depardieu est accusé de viol. En mère supérieure de l’ordre des sœurs de metoo, Rima Abdul-Malak pulvérise la présomption d’innocence : elle déclare que Depardieu fait honte à la France et annonce une procédure pour lui retirer la Légion d’honneur. Votre Légion d’honneur vous pouvez vous la garder, répond-il en substance via ses avocats.
La sortie de la ministre a fortement énervé Macron (info parue dans le JDD). En privé, le président soutient Gérard Depardieu. Mais en public, il n’ose pas s’opposer à la doxa néo-féministe. Il paraît qu’il va engueuler sa ministre. Il devrait plutôt la congédier ; elle est légèrement moins utile au rayonnement de la France que Gérard Depardieu et toutes ses outrances.
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