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Gérald Darmanin a raison: c’est 2027 qui compte!

Il a estimé qu'il était "assez probable" que Marine Le Pen remporte la présidentielle de 2027


Gérald Darmanin a raison: c’est 2027 qui compte!
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le président Macron à Chambord, juillet 2020 © Lemouton / Pool/SIPA

Fort habile politiquement et de surcroit adoubé par Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur se présente comme une solution de secours face à la possible élection de Marine Le Pen.


Plus Gérald Darmanin a raison, plus il est attaqué. Il énonce une évidence au moins partielle en affirmant dans la Voix du nord que seul le futur l’intéresse parce qu’il juge « assez probable » la victoire de Marine Le Pen. Pour l’empêcher, il s’estime le plus légitime pour 2027 avec la fibre sociale et populaire qu’il incarne.

Pas vraiment de vacances pour Darmanin

Qui, sur tout l’échiquier politique, est mobilisé par autre chose que cet avenir, qui verra le président Macron disparaître et la relève être assurée ? Il est comique alors d’entendre Elisabeth Borne et Stéphane Séjourné faire semblant de ne pas comprendre. Ils simulent un intérêt pour aujourd’hui, en gourmandant Gérald Darmanin – qui a répliqué vertement. Nicolas Sarkozy, dans son dernier livre, a dit le bien qu’il pensait de l’actuel ministre de l’Intérieur pour la prochaine élection présidentielle : un cadeau si c’est le formidable candidat de 2007 qui le loue ; mais empoisonné, si c’est le Sarkozy d’après, entre magouilles, coups fourrés et traîtrises!

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Le ministre de l’Intérieur, qui n’a vraiment pas eu à s’ennuyer durant les vacances, est lucide également quand il souligne une convergence entre lui et François Ruffin (LFI), pour l’importance qu’ils donnent au facteur social, en pourfendant Jean-Luc Mélenchon qui déteste « l’ordre, les flics et la patrie ». François Ruffin n’est pas en reste qui, devinant le piège, rappelle l’engagement pris par Emmanuel Macron en 2017 de faire baisser les extrêmes avec le résultat absolument inverse d’aujourd’hui, ce qui, pour le moins, représente un échec indiscutable puisque chiffrable.

Tant de signes par ailleurs démontrent que le président de la République s’est mué en une sorte de roi symbolique dont la seule action est de parler (on a pu le vérifier dans les entretiens du Point, lire ici notre analyse de Céline Pina), ce qui a suscité un réquisitoire percutant et argumenté de Bruno Retailleau dans le même journal qui se résume par cette formule décisive que « là où il faudrait opposer la force de l’action, il ne propose que la politique du verbe ». Sur le plan régalien par exemple, le président n’a fait qu’aligner des chiffres auxquels ils manquaient l’essentiel : la preuve de sa propre volonté de rigueur sans accommodements avec les tolérances sociologiques et médiatiques dont la rançon est à payer par le citoyen. Peut-on espérer que lors des prochains débats parlementaires, LR saura privilégier la cohérence de son opposition par rapport à sa peur (sans doute exagérée) de la dissolution ? Si le Conseil stratégique et le rassemblement organisés par ce parti dimanche 27 août pouvaient ouvrir la voie, quelle bienheureuse surprise ce serait !

Le macronisme, une plage abandonnée

Par ailleurs, je suis frappé par le caractère dérisoire du grand événement politique que le président nous avait promis pour la rentrée. Il se réduira à une rencontre forcément stérile où la présence de LFI (qui n’a pas encore accepté) et du RN lui aura été imposée par sa Première ministre qui, si elle avale des couleuvres, sait aussi lui rendre la pareille. La majorité relative n’en sera pas rendue moins nuisible! Il est symptomatique aussi de relever que l’abus de ces conventions, états généraux, grands débats, colloques, aréopages citoyens, loin de se substituer à la démocratie classique, en signe au contraire l’éclatant retour : le « dépassement », à supposer qu’il ait vraiment existé, est définitivement dépassé. La politique ancienne, avec des antagonismes clairement définis, a retrouvé tous ses droits au détriment d’un salmigondis dont la conséquence perverse a abouti « en même temps », par la juxtaposition des ombres et des lumières, à l’hypertrophie de ces ombres et à l’annulation de ces lumières.

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Comment négliger sur un autre registre la leçon offerte par l’évolution des parcours politiques, notamment ministériels ? Ceux-ci, en effet, paraissent vouloir regagner, subtilement ou non, – alors qu’Emmanuel Macron, malgré un je s’acharnant à être omniprésent, est déjà démocratiquement hors jeu, – leur bercail originel. Qu’on songe à Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin lui-même… et au refus majoritaire de LR de s’aligner sous un pavillon démonétisé !

Le macronisme qui a favorisé des ambitions pâtit dorénavant d’une désaffection tant par les désillusions qu’il a causées que par l’implacable enseignement d’un réel faisant exploser les ambiguïtés présidentielles. Certes, on a toujours l’inconditionnalité apparente, la révérence obligatoire et la concentration surjouée sur le présent mais c’est demain qui attire tous les regards, stimule tous les appétits, suscite tous les calculs, détermine toutes les stratégies. Bien sûr que Gérald Darmanin a raison : pour lui comme pour tous les affamés de pouvoir, c’est 2027 qui compte !

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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