Il ne cache plus ses ambitions présidentielles. Mais il est vexé, parce qu’Elisabeth Borne s’est invitée à la dernière minute à sa rentrée politique de Tourcoing, dimanche, pour freiner ses ambitions… Le ministre de l’Intérieur bombe le torse, mais quand un môme de dix ans est abattu le 21 août, à Nîmes, et qu’il déploie sur place de lourds effectifs, les dealers récidivent dès le lendemain avec un autre meurtre ! L’action du ministre fait singulièrement penser à son prédécesseur place Beauvau, Nicolas Sarkozy, dont les Français attendent toujours l’emploi du karcher pour balayer une insécurité endémique qui se répand dans tout le pays. Nos constats accablants et notre feuille de route pour lui.
Crise après crise, drame après drame, les annonces du ministre de l’Intérieur peuvent toutes se résumer à ceci : promettre plus de policiers pour arrêter les racailles… que des magistrats militants s’empresseront de relâcher dans la nature en utilisant dans ce but les lois votées par les parlementaires.
Le ministre condamne fermement et se rend sur place
Condamner fermement et se rendre sur place, selon la formule usée jusqu’à la corde, tenir des discours volontaristes, promettre la fermeté, tempêter d’un air martial, faire traverser la France aux CRS, une semaine par-ci, deux semaines par-là, au gré des coups de projecteurs médiatiques, est inutile.
Après le viol abominable et le massacre de Mégane par Oumar Ndiaye à Cherbourg, y a-t-il eu la moindre sanction de prise contre ceux qui avaient décidé de laisser le monstre en liberté malgré un dossier qui aurait dû rendre évident son enfermement ? Non. Seuls les magistrats sont à ce point exonérés de toute obligation de reddition de comptes, de toute responsabilité quant aux conséquences de leurs actes, alors qu’ils ne sont absolument pas – rappelons-le – les propriétaires du pouvoir judiciaire, mais seulement ses délégataires : la souveraineté appartient au peuple français, au nom de qui la justice est officiellement rendue, et à lui seul.
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À Nîmes, pendant les obsèques de Fayed, ce garçon de dix ans tué par les dealers, on pouvait entendre ouvertement les cris des guetteurs, et le trafic se poursuivait, sans gêne et sans crainte. Après deux fusillades mortelles, Gérald Darmanin est allé dans cette ville pour annoncer des renforts (temporaires). Pas de chance : dès le lendemain, nouvelle fusillade dans un autre quartier de la ville… Envoyer sur le terrain cent ou même deux cents policiers supplémentaires ne sert à rien si les dealers savent qu’ils ne risquent pratiquement rien, que les sanctions prononcées contre eux ne les touchent pas assez pour être dissuasives, et que les forces de l’ordre sont paralysées par une institution judiciaire qui à chaque incident présume que les policiers ou les gendarmes sont les coupables.
Les fronts de l’insécurité
Quiconque veut réellement s’attaquer au problème de l’insécurité dans ce pays qui, n’en déplaise à Eric Dupond-Moretti, devient chaque jour un peu plus un coupe-gorge, doit aborder de front quatre problèmes majeurs :
- L’emprise du gauchisme sur l’institution judiciaire. « Soyez partiaux » proclamait Oswald Baudot. « Ayez un préjugé favorable pour l’enfant contre le père, pour le voleur contre la police (….) La loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise. » Les « petits juges rouges » oublient que leur préjugé favorable pour le voleur contre la police est, surtout, un préjugé favorable pour le voleur contre sa victime. Et le Syndicat de la Magistrature, dont Baudot était membre, de dresser son « mur des cons » et de condamner moralement avec bien plus de virulence un père révolté par la mort de sa fille que l’assassin de celle-ci… Baudot déclarait aussi : « Si la répression était efficace, il y a longtemps qu’elle aurait réussi. » Autant affirmer que si la médecine était efficace, il y a longtemps que les maladies auraient disparu, et en prendre prétexte pour ne plus soigner personne… L’Institut pour la Justice et l’Observatoire du Laxisme Judiciaire recensent des centaines d’exemples des absurdités révoltantes auxquelles conduit cette idéologie, et encore ne s’agit-il que de la partie émergée de l’iceberg. Tous les magistrats n’adhèrent pas à la doctrine de Baudot, mais ceux qui se soucient encore de la sécurité des citoyens honnêtes ont bien du mal à agir, alors que la politique pénale va dans le sens du gauchisme triomphant – il suffit pour s’en rendre compte de comparer la « feuille de route » des préconisations du docteur Maurice Berger, brillant spécialiste de la violence des mineurs, avec les décisions gouvernementales qui, systématiquement, font l’inverse…
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- La complaisance du pouvoir politique (quand ce n’est pas la complicité active) envers ce gauchisme judiciaire, qui ne cesse de pousser à des réformes du code de procédure pénale visant à rendre l’Etat impuissant face aux racailles – mais impitoyable envers « monsieur tout le monde » – et se soumet avec empressement aux diktats des instances supranationales inspirées par la même idéologie. Emblématique, la loi Guigou, de juin 2000, qui a fait du code de procédure pénale un outil pour ne surtout pas appliquer le code pénal.
- Le lien entre certaines immigrations et la délinquance, qui n’est d’ailleurs plus simplement de la délinquance et encore moins des « faits divers », mais la constitution sur notre sol, par une proportion croissante de certaines diasporas, de contre-sociétés conquérantes et prédatrices mettant méthodiquement la France à sac. Toutes les études sérieuses menées en Europe sont unanimes, et sans ambiguïté. Leurs données sont publiques, sourcées, vérifiables. Mais si l’on en croit les déclarations de Gérald Darmanin, les razzias du début de l’été sont dues à « Kévin et Mattéo », tout comme le chaos au Stade de France avait été le fait de supporters anglais… S’il est bien évident que tous les immigrés et descendants d’immigrés de telle ou telle origine ne sont pas des pillards, les tendances générales demeurent. Le politique, qui sans nier les cas individuels, traite par définition des masses, ne peut plus continuer à refuser d’en tirer les conséquences.
- La nécessité de donner aux citoyens ordinaires les moyens de se défendre et de défendre leurs proches et leurs biens contre les agressions. L’avocat Thibault de Montbrial, sans doute le meilleur spécialiste français de la question de la légitime défense, a fait plusieurs propositions de bon sens à ce sujet (Osons l’autorité, L’Observatoire, 2022), notamment la « doctrine du château » et « l’excuse de désarroi, crainte ou terreur » pour nuancer l’exigence irréaliste de stricte proportionnalité de la riposte (ce qui existe déjà dans le droit suisse, par exemple, et la Suisse n’est pas pour autant devenue le Far-West). C’est aussi, peut-être surtout, une question d’état d’esprit : les mobilisations de cet été à Ajaccio contre les dealers sont un exemple qui devrait être imité partout en France.
Ras le bol de la politique de l’affichage !
Hélas ! Jusqu’ici, le ministre de l’Intérieur ne s’est attaqué à rien de tout ceci, et ne semble pas en manifester la moindre intention, alors qu’il s’agit des chantiers sécuritaires prioritaires, bien plus importants que d’augmenter les effectifs de la police et de la gendarmerie, plus importants même que de construire de nouvelles places de prison ou de généraliser la vidéo-protection.
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On se souvient des déclarations de Nicolas Sarkozy sur le kärcher, qui se sont avérées n’être qu’esbroufe et effets de manche, politique du chiffre et de l’affichage, tout dans la communication et l’apparence sans aucun traitement sérieux des problèmes de fond – même les peines planchers, pourtant une excellente mesure, ont été abondamment contournées par la magistrature bien avant d’être abrogées par Christiane Taubira.
Gérald Darmanin donne de plus en plus l’impression de partager les ambitions présidentielles de son prédécesseur. Malheureusement, jusqu’ici son affichage de volontarisme partage aussi la tragique inefficacité du kärcher sarkoziste, et comme lui évite soigneusement de traiter les vraies sources de l’insécurité et de l’ensauvagement : le gauchisme judiciaire ; la lâcheté d’un pouvoir politique qui laisse la magistrature en roue libre, quand il ne soutient pas lui-même l’idéologie des « juges rouges » ; l’alimentation de contre-sociétés prédatrices par une part importante de certaines immigrations ; l’urgence d’un réarmement moral, juridique et politique de la foule des braves gens qui s’astreignent encore au respect de la loi, et à qui on ne pourra pas indéfiniment demander de se laisser humilier, agresser, piller, égorger, violer sans réagir.