Notre ami Georges Liébert est mort le 24 janvier. Cette grande figure de l’édition française était également un musicologue respecté et un collectionneur averti. Lecteur intransigeant, c’est toujours le crayon à la main qu’il épluchait manuscrits, livres, journaux et catalogues. Cet anar de droite érudit a arpenté l’existence avec ironie et fantaisie.
Georges Liébert s’enorgueillissait d’avoir traversé la vie sans avoir jamais voté à gauche ni possédé de téléphone portable. Il était aussi le seul homme de ma connaissance à tempêter contre les retards de la Poste, car le seul à utiliser la poste, que ce fût pour confirmer une invitation, signaler une page qu’il avait aimée ou un article qui l’avait enragé. Avec ça, d’une intolérance fanatique aux anglicismes et barbarismes – il poursuivait de son ire épistolaire les rédacteurs en chef oublieux de leurs devoirs envers la langue française, vitupérait les cuistres anglouillards et m’adressait fréquemment le dernier numéro de Causeur lardé d’annotations moqueuses débusquant, à ma grande honte, les fautes passées à travers les mailles du filet. Georges était ce que les Finlandais appellent un enfoiré de la virgule.
Un esprit en décalage avec
