Georges Ibrahim Abdallah est le plus ancien détenu étranger dans les prisons françaises. Aujourd’hui sexagénaire, l’ex-activiste des Forces Armées Révolutionnaires Libanaises, un des innombrables groupuscules manipulés par Damas au début des années 1980, a été condamné pour l’assassinat de deux diplomates, l’un israélien et l’autre américain. Depuis vingt-huit ans qu’il croupit dans les geôles françaises, Abdallah a conquis les cœurs de l’extrême gauche morale laquelle, du haut de son infinie mansuétude, aime se gargariser de martyrs aux mains maculées de sang. Au faîte de leur gloire, les Bérurier noir avaient même consacré une hagiographie chantée, Ibrahim, sur l’air de Hava Nagila (amis du bon goût…), qui vaut son pesant de mauvaise foi victimaire : « Ibrahim avec ses frères/Elevé dans la misère/Dans les bombes et dans la guerre… De tous côtés pourchassés/Plus de terre où habiter… ».
Mais l’affaire Abdallah a récemment resurgi des décombres de la fausse conscience gauchiste. La justice française a en effet répondu à un énième recours des avocats d’Abdallah qu’il ne tenait qu’au ministre de l’Intérieur de signer l’arrêté d’expulsion pour que leur client retourne au pays. Or, Manuel Valls renâcle à s’immiscer dans ce dossier où il n’a que des coups à prendre. Il y a quelques semaines, Daniel Schneidermann et l’écrivain Chloé Delaume, nièce du prisonnier, se sont donc fendus d’une tribune dans Libération exhortant le premier flic de France à agir.
Puis, cette semaine, pour mettre un peu plus de pression sur les épaules du ministre, une vingtaine de partisans d’Abdallah ont organisé un happening au Louvre-Lens, devant La liberté guidant le peuple de Delacroix. Peu avares en symboles, ces indignés inspirés ont fait fuser les slogans généreux au nom de la liberté pour tous… L’Histoire retiendra que, pour la première fois, de hautes consciences de la subversion organisée ont publiquement réclamé l’expulsion d’un immigré. Il est interdit de rire !
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