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Un bon film israélien est-il un film anti-israélien?


Un bon film israélien est-il un film anti-israélien?
Avshalom Pollak et Nur Fibak dans "LE GENOU D'AHED" film de Nadav Lapid (2021) © PYRAMIDE FILMS

À propos du film « Le genou d’Ahed » du réalisateur israélien Nadav Lapid


Le prix de la notoriété

Il était une fois un cinéaste, dont l’ego se sentait à l’étroit dans son tout petit pays, Israël (27 000 km2, 152ème par la taille et 0,1% des terres émergées). Il ambitionnait de toucher plus que ses neuf millions de compatriotes (à peine 0,01% de la population mondiale).

Nadav Lapid, c’est son nom, savait que le talent ne suffirait pas, même s’il en avait beaucoup. En revanche, il comprit qu’il pouvait gagner les cœurs de la moitié de la planète en diffamant son pays. Sa capacité de dénigrement lui valut des prix internationaux, dont le Prix spécial du Jury à Cannes, en 2021, pour « Le genou d’Ahed » sorti sur les écrans français la semaine dernière.

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Le genou d’Ahed. Le genou de qui?

Elle s’appelle Ahed Tamimi. C’est une jeune Arabe israélienne photogénique, qui rêve à voix haute, très haute, de remplacer l’État juif par une Palestine Judenrein. Ses parents, qui dirigent l’un des clans les plus puissants de Cisjordanie, la mettent en scène depuis sa plus tendre enfance, dans des réalisations Pallywood cadrées serrées pour que le spectateur voie le contraire de la réalité : une enfant qui jette des pierres à des brutes lourdement armées, alors que la scène est jouée dans l’intimité d’un public exclusivement composé de journalistes bienveillants, qui l’ont sacrée « icône de la résistance. [1] »

Ahed Tamimi est un croisement entre Leonarda (celle qui a ridiculisé le président Hollande), et Assa Traoré (qui ridiculise les valeurs de la France).

Les clips de propagande, où Ahed attaque à mains nues des soldats armés et immobiles – à qui leur hiérarchie a interdit de céder à la provocation -, sont réactualisés chaque année, depuis ses sept ans. Elle a tout d’une image en deux dimensions, car son CV ne contient rien d’autre, contrairement à celui d’une de ses cousines, qui peut s’enorgueillir d’avoir participé à un attentat à Jérusalem ayant causé en 2001, la mort de 15 civils (dont 7 enfants et une femme enceinte) et de 130 blessés et mutilés [2].

Ce CV limité à d’unilatérales anicroches télévisées explique peut-être pourquoi le metteur-en-scène-héros-militant-antisioniste n’a gardé de son projet originel que le titre et qu’il a axé son film sur lui, lui-même, lui personnellement, lui en personne.

La circoncision n’est pas un vaccin contre la c***erie

Les philosémites et les antisémites ont un point en commun : ils croient que les juifs sont plus intelligents que la moyenne. Les uns et les autres ont tort. La preuve par Bezalel Smotrich, un député de la Knesset, qui a twitté, en 2018, son regret que l’icône n’ait pas pris une balle dans le genou, ce qui l’aurait privée de sorties.

Le compte Twitter dudit Smotrich a été suspendu et toute la classe politique israélienne lui est tombée dessus à bras raccourcis. C’est ce genou virtuel qui a donné son titre au film de Lapid, film que les critiques français ont encensé, se réjouissant avec gloutonnerie de son agressivité envers son pays d’origine : « Le genou d’Ahed : étonnant, radical, puissant et inoubliable. Le cinéaste israélien ne lâche rien et dénonce avec férocité la situation politique [3]. »

« Il tord le cou à Israel dont il dénonce une nouvelle fois la politique sans prendre de gants. Ou plutôt si, des gants de boxe. … symbole des maux de la société israélienne…[4] »

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« Poétique militante … discours franchement hostile à la politique israélienne… discours politique limpide, … film exigeant et révélateur du malaise que traverse la société israélienne aujourd’hui. [5] »

De quoi le Prix du Jury 2021 à Cannes est-il le nom ?

L’inaction du film a lieu au milieu de nulle part : « Y., cinéaste israélien, arrive dans un village reculé au bout du désert pour la projection de l’un de ses films. Il y rencontre une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette désespérément dans deux combats perdus : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère. [6] » Que se passe-t-il dans le film ? Rien de plus que ce que décrit le pitch, avec du verbiage, tout le verbiage, rien que du verbiage…

Le seul intérêt du film réside justement dans le non-lieu de cette inaction : le spectateur sait qu’il s’agit de l’entité sioniste, honnie des deux côtés de l’écran. Il est venu pour ça et en veut pour son argent.

L’argent ? Deux scènes se télescopent : le générique, mentionnant les subventions données au film par l’État d’Israël, et les cent pas exaltés du personnage principal, qui pontifie sur l’absence de liberté régnant en son pays, particulièrement en matière artistique. S’il avait été cohérent, le « héros » à l’ego boursouflé (avatar du metteur en scène) aurait refusé les subventions… Et entamé une psychanalyse !

La distinction cannoise récompense « la guerre par d’autres moyens », qui a pour objectif d’isoler l’État juif parmi les nations, comme les individus juifs l’ont été dans les nations d’avant-guerre.

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Questionnement et renouvellement du sens

« Le genou d’Ahed » est, probablement à l’insu de son auteur, une métaphore du paradoxe des nantis dans notre société. Pour les Occidentaux rassasiés, la course à la survie, devenue caduque, a laissé un vide où se trouvait l’élan. L’individu n’a plus d’autre besoin que celui de se sentir indispensable. Pour cela, il a … besoin d’un autre, qui a besoin de lui. C’est ainsi qu’il a élu l’Autre victime ontologique, parée de toutes les qualités et méritant tous les privilèges.

L’injure faite à l’Autre compte plus, à nos yeux, que la menace contre nos vies. Le tweet de regret d’un élu israélien, désavoué par le public et les autorités de son pays, mais sanctifié par une intention de film, est vécu par les activistes français comme une menace plus réelle et plus grave que les agressions physiques d’Ahed Tamimi contre de jeunes appelés de son âge.

Son genou inspire une compassion infinie, dont il ne reste pas une miette pour les Juifs que sa parole appelle à exterminer. Au point que ses incitations au meurtre sont passées sous silence par les intarissables bavards palestinolâtres.

Qui ne dit mot, consent.

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[1] https://www.ouest-france.fr/culture/dans-la-famille-tamimi-desobeit-en-famille-5978071#, https://www.france24.com/fr/20180729-ahed-tamimi-liberee-retour-cisjordanie, express.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/l-icone-de-la-resistance-palestinienne-est-sortie-de-prison_2028329.html, https://www.liberation.fr/planete/2018/07/29/l-ado-palestienne-ahed-tamimi-liberee_1669506/, https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/07/29/la-jeune-palestinienne-qui-avait-gifle-des-soldats-israeliens-a-ete-liberee_5337165_3218.html

[2] https://www.i24news.tv/fr/actu/international/ameriques/140141-170314-les-usa-poursuivent-une-terroriste-implique-dans-un-attentat-a-jerusalem-en-2001

[3] https://plus.lesoir.be/396068/article/2021-09-21/le-genou-dahed-etonnant-radical-puissant-et-inoubliable

[4] https://www.parismatch.com/Culture/Cinema/Le-Genou-d-Ahed-de-Nadav-Lapid-la-critique-Cannes-2021-1747098

[5] https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/sorties-de-films/le-genou-d-ahed-brulot-sans-concession-du-cineaste-israelien-nadav-lapid-sur-son-pays_4749577.html

[6] https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=273911.html



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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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