Les circonstances atténuantes qu’Emmanuel Todd trouve à Vladimir Poutine, et que l’on décèle dans son dernier essai (La défaite de l’Occident, Gallimard, 2024), pourraient se concevoir si elles ne reposaient pas sur trois contradictions structurantes.
« Seuls ne se contredisent pas ceux qui écrivent peu », expliquait Raymond Aron[1] à ses étudiants dans les années 60. Et disons les choses d’entrée : Emmanuel Todd a beaucoup, beaucoup écrit.
L’éloge d’abord, par courtoisie. Concédons que Todd a eu raison sur la montée des inégalités économiques, sur la chute de mobilité sociale des sociétés occidentales, sur la baisse du niveau de vie, sur le vide spirituel plongeant nombre de nos concitoyens dans le doute, dans la dépression, l’alcool, le suicide. Si nous constatons tous ces phénomènes aujourd’hui, Todd a souvent été le premier à en signaler la progression, peut-être parce que ses antennes portent là où l’histoire se décide aujourd’hui : en Amérique du nord et en Asie de l’est.
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Cela posé, la lecture de son dernier ouvrage La défaite de l’Occident révèle trois contradictions structurantes empêchant de saisir le fil de ses raisonnements. Engageons-nous.
Peut-on encore appliquer des schémas socio-culturels à des groupes de population ?
Todd explique que la fin des croyances religieuses ou que l’emprise des médias globaux ont mis fin aux réflexes anthropologiques de populations entières.
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