Malgré ses excuses, Dieudonné laisse derrière lui tout un héritage complotiste. Nous lui consacrons un grand dossier dans le nouveau numéro du magazine.
Le 10 janvier, nos confrères d’Israël Magazine publiaient une lettre ouverte, très inattendue, de Dieudonné Mbala Mbala, en forme de repentance : « Je demande […] pardon à toutes celles et ceux que j’ai pu heurter, choquer, blesser au travers de certaines de mes gesticulations artistiques, y écrit-il. Je pense notamment à mes compatriotes de la communauté juive, avec lesquels je reconnais humblement m’être laissé aller au jeu de la surenchère. »
Une nouvelle provocation ? À Causeur, certains, dont la patronne, ont considéré qu’il fallait se montrer magnanime. On se fichait que ces excuses fussent ou non sincères, l’important était qu’elles eussent été formulées publiquement. Après tout, un antisémite de moins, c’était toujours ça de gagné.
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Cette indulgence a mis très en colère notre ami et auteur Yannis Ezziadi, qui n’a pas oublié que, dans sa jeunesse, Dieudonné lui avait retourné le cerveau en lui proposant une explication simple, séduisante et totalement fausse du monde. Or, si lui a eu la chance et l’intelligence de s’extraire de cette fange conspirationniste, beaucoup continuent à s’y vautrer, convaincus que le monde est dirigé par des forces occultes, qu’elles soient judéo-maçonniques ou pédo-sataniques. Le problème, selon lui, n’est pas la sincérité de Dieudonné, mais son héritage, toujours vivace, qu’il faut inlassablement démonter et dénoncer, comme on s’emploie à le faire dans ce dossier. Dieudonné est peut-être rangé des voitures, mais le dieudonnisme, cette entreprise d’acclimatation du complotisme et de l’antisémitisme rendue possible par un artiste diablement doué, continue de faire des ravages chez d’innombrables enfants de la génération internet qui n’ont pas tous l’excuse de la jeunesse. En présentant ses excuses, l’humoriste a peut-être sauvé son âme. Mais il n’a pas rendu le monde meilleur.