Le 7 octobre, le Hamas a capturé 251 personnes. Près d’un an plus tard, 106 otages, dont deux Franco-Israéliens, sont toujours retenus à Gaza – morts ou vivants. Cette tragédie remet en question le contrat moral qui unit l’État à ses citoyens, et divise une société israélienne déjà profondément fracturée.
Quiconque arrive à l’aéroport Ben-Gourion à Tel-Aviv est saisi par leurs visages, placardés dans le vaste hall qui sépare la zone de débarquement de la sortie. Jeunes, vieux, hommes, femmes, enfants, beaucoup sourient, saisis dans un moment heureux qui, peut-être, leur tient secrètement compagnie dans leur prison. Dans les manifestations clairsemées qui ont lieu en leur honneur, à Paris et dans d’autres villes européennes, ils interpellent les passants comme pour leur dire « Ne nous oubliez pas ! ». Il se trouve aussi dans ces mêmes villes des salopards pour déchirer ces affiches, profanation minable qui ose se draper dans des considérations humanitaires. Pour Israël, les otages sont littéralement une tragédie – une situation sans solution : d’une part, le contrat moral entre l’État et ses citoyens veut qu’on les ramène à n’importe quel prix ; et de l’autre, la survie collective ne peut pas être sacrifiée à ces vies humaines, aussi précieuses soient-elles. Alors on rêve d’une opération Entebbe[1] – les méchants sont punis et les innocents, libérés : une fin à la James Bond est la seule issue heureuse.
Israël, une grande famille
Le 7 octobre
