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La guerre des six mois

Israël groggy, mais debout


La guerre des six mois
Barrière de sécurité entre Gaza et Israël arrachée par le Hamas, 7 octobre 2023 © Apaimages/SIPA

L’offensive sanguinaire du Hamas a révélé les failles de l’armée et du renseignement israélien. Son onde de choc secoue la société israélienne et bouscule les équilibres fragiles de la région. Le risque d’embrasement est réel. Israël peut compter sur l’allié américain et les principaux pays occidentaux. Mais toute perspective de sortie de crise suppose au préalable un changement politique en Israël.


Samedi 7 octobre, Israël a vécu la pire journée de sa courte histoire. Un coup terrible d’une brutalité physique et psychologique qui vous donne le sentiment – objectivement exagéré, mais non moins réel et douloureux – que rien n’est jamais acquis, que tout, à commencer par votre existence et votre légitimité, est en jeu de manière permanente. Car il y a eu le massacre, mais surtout il y a eu la débâcle. Ceux qui étaient supposés prévenir n’ont rien vu venir et ceux dont la mission était de défendre les civils ont failli. Pendant des heures, des milliers d’Israéliens ont dû se cacher et se défendre avant d’entendre les voix rassurantes en hébreu de leurs sauveteurs. Sauf que pour 1 600 d’entre eux, c’était trop tard : 1 400 étaient morts et quelque 200 se trouvaient à Gaza, otages du Hamas et du Djihad islamique. Des millions d’autres sont hantés depuis par les images et les voix de ce samedi noir. Et par une question qui accompagnera désormais l’histoire d’Israël : comment cela a-t-il été possible ? Comment, cinquante ans après la surprise et le traumatisme du samedi 6 octobre, jour de Kippour 1973, Israël a-t-il pu se retrouver dans le même état de sidération et d’impréparation ?

Un shabbat de pogrom

Vendredi 6 octobre, tard dans la soirée : Shabak (Shin Beth – services secrets intérieurs) intercepte des signes d’activités inhabituelles. Après consultation avec l’armée, on décide qu’il s’agit d’un exercice. L’alerte n’est pas donnée.

Samedi 7 octobre 6 h 30 : tirs intenses de roquettes et de mortiers sur les positions et les localités israéliennes le long de la frontière avec Gaza.Des drones neutralisent les caméras des miradors de surveillance. Deux cents terroristes du Hamas se ruent vers la barrière, juchés sur des pick-up et des motos, et la percent en plusieurs endroits. C’est le moment où les soldats israéliens comprennent qu’il ne s’agit pas d’un exercice.

Des dizaines de parapentes décollent de la bande de Gaza et se dirigent vers le territoire israélien.Des zodiacs de la force maritime du Hamas se lancent vers la côte israélienne au nord de Gaza. Des unités du Hamas neutralisent des moyens de communication et coupent des lignes d’électricité.

Une deuxième vague de 500 combattants pénètre en Israël par les brèches et attaquent les points de commandement de l’armée et son QG à Kibboutz Re’im. D’autres se dirigent vers les différentes bourgades et kibboutz. Ils tombent, probablement par hasard, sur la rave party.

7 h 00-7 h 30 : plus d’une vingtaine de localités et six bases militaires sont attaquées.

7 h 45 : le premier hélicoptère de combat israélien arrive sur la zone des combats.

8 h 00 : une vingtaine de combattants des commandos de l’armée de l’air arrivent par hélicoptère à Kibboutz Aloumim (au milieu du triangle de l’enfer Be’eri, KfarAza, Nahal Oz). C’est la première force militaire israélienne qui entre en contact avec les terroristes.

Vers 14 h 00-14 h 30 : les forces israéliennes reprennent le contrôle de leur QG et interviennent sur tous les points attaqués par le Hamas. À cette heure-là, on estime que 1 400 civils israéliens ont déjà été massacrés et 200 enlevés, 300 soldats et policiers sont tombés au combat. Un tiers des Israéliens massacrés ont perdu la vie sur le site de la rave party. Dans les Kibboutz Nahal Oz et KfarAza, 20 % de la population a été enlevée ou assassinée.

Premières leçons d’un désastre

L’heure des comptes viendra – quand les armes se tairont. Mais à l’évidence, il s’agit d’une faillite à deux têtes : le renseignement a été incapable de prévenir et l’armée, de protéger.

Il s’avère très vite que le renseignement lui-même a doublement failli, n’ayant ni repéré ni alerté. On ne sait pas encore comment le Hamas est parvenu à cacher à Israël des préparatifs qui ont nécessairement été longs et compliqués. On sait en revanchepourquoi l’alerte n’a pas été donnée. D’après la presse israélienne, vendredi 6 octobre, la veille de l’attaque, le Shabak, le service de renseignement et d’action chargé de Gaza et de la Cisjordanie, a relevé les signes d’une activité inhabituelle. Qualifiées de « signaux faibles », ces informations sont remontées jusqu’au chef du Shabak, Ronen Bar, qui en a parlé avec le général de brigade Avi Rosenfeld, commandant de la division militaire de la région de Gaza. Selon les mêmes publications, les deux ont conclu qu’il s’agissait d’un exercice du Hamas et se sont contentés de quelques légères précautions. Ils n’ont pas jugé nécessaire d’informer le chef d’état-major et celui de l’armée de l’air.

Ces deux hauts responsables n’ont pas péché par légèreté. Ils ont pris une décision à partir des informations dont ils disposaient, mais aussi dans le cadre intellectuel qui est le leur et c’est sans doute ce cadre, ou ce paradigme, qui explique leur erreur. Ils pensaient, comme tout l’establishment politico-stratégique israélien, qu’après dix-sept ans, de nombreux incidents et plusieurs opérations d’envergure, le Hamas s’était assagi. Sous la contrainte du réel, le mouvement radical était devenu un gouvernement, tenant certes un discours extrémiste, mais chargé de responsabilités, de problèmes d’école et de ramassage d’ordures, sans oublier des intérêts nombreux plus ou moins licites. Bref, à renverser brutalement la table, le Hamas avait beaucoup plus à perdre qu’à gagner. Les stratèges israéliens ont commis la même faute d’analyse,fait la même erreur que ceux qui ont refusé de croire que Poutine lancerait son armée contre l’Ukraine.

Pour le plus grand malheur d’Israël, sa deuxième ligne de défense, l’armée, a également connu une déroute de grande ampleur, puisqu’elle a été incapable, dans un premier temps, de bloquer et de repousser les assaillants.

Pour un dispositif défensif bien construit, une alerte indiquant l’heure, le lieu et la méthode d’une attaque est bienvenue, mais pas complètement indispensable. Le défenseur doit être capable d’agir au saut du lit, sans avoir été prévenu. C’est d’autant plus vrai en Israël où la défense manque cruellement de profondeurstratégique : une fois la première ligne franchie, les « cibles molles » – villages, bourgades, zones d’activités –ne sont qu’à quelques minutes de route, parfois de marche.

La dévastation du kibboutz de Be’eri après le massacre du Hamas, 14 octobre 2023. Photo: AP Photo/Ariel Schalit/SIPA

Le plan astucieux du Hamas reposait sur trois piliers : surprendre, aveugler et saturer.

Pendant des mois, le Hamas a su garder le secret et endormir la vigilance des Israéliens en confirmant leurs présupposés. Il a feint de s’embourgeoiser, a joué le rôle d’un acteur responsable, soucieux des intérêts de ses administrés, en négociant avec Israël l’augmentation du nombre de permis de travail. Il a entretenu la volonté de croire à cette histoire. Dans la presse israélienne, les reportages sur l’embellie économique à Gaza se sont multipliés. Bref, cela a parfaitement fonctionné.

L’opération stricto sensu est préparée dans le plus grand secret depuis un an. Les unités du Hamas qui devaient y participer ont habitué les forces israéliennes à leur routine d’entraînement. Pour permettre à ses hommes de poser des charges explosives télécommandées sous le nez des soldats de Tsahal, le Hamas a organisé des manifestations à proximité de la barrière de sécurité. Tout a été bien pensé et bien exécuté.

Quant à l’attaque, elle a commencé par des frappes sur les moyens technologiques de détection, de contrôle et de commandement de l’armée israélienne. Parallèlement, des milliers de roquettes ont été tirées sur le sud d’Israël, surtout sur les localités proches de la frontière avec Gaza. Les unités du Hamas se sont précipitées sur le terminal de passage et les obstacles de la frontière, laquelle a été percée en 18 endroits sur un front de 50 kilomètres. Des terroristes en parapentes et bateaux pneumatiques ont accompagné par l’air et la mer l’effort principal mené au sol.

En moins d’une heure, les six principaux points de commandement israéliens sont attaqués par le Hamas. Avec une conséquence terrible : durant plusieurs heures, l’armée n’est plus en état de se faire une idée claire de la situation, donc d’agir. C’est le temps qu’il faudra pour que les capacités de commande et de contrôle soient rétablies, et que l’armée puisse à nouveau fonctionner de manière centralisée et coordonnée. Les forces de police ont été, elles aussi, débordées et souvent contraintes de se battre pour leur propre survie, incapables donc de porter secours à la population.

Petite lueur d’espoir dans la déroute, la résistance est venue de la société. Le Hamas a mis en échec le renseignement et l’armée. Ses terroristes se sont heurtés à des héros ordinaires en uniforme ou en civil. Avec peu ou pas d’information, sans structure de commandement, des civils et des militaires ont pris les choses en main, à leur niveau et avec les moyens du bord. Ils ont avancé vers l’ennemi en cherchant partout le contact. Les pilotes d’hélicoptère improvisaient des tactiques et communiquaient avec leurs contacts au sol à l’aide de téléphones portables. Des officiers à la retraite, dont des généraux, ont pris leur voiture pour aller au front, glaner des informations, s’équiper tant bien que mal et partir ainsi, en groupes improvisés, vers les colonnes de fumée et le bruit des combats. Dans les villages et kibboutz, des habitants se sont battus jusqu’à la dernière cartouche et, dans des endroits où l’alerte donnée par les bruits de guerre a permis quelques minutes de préparation hâtive, les terroristes ont été repoussés et ont subi de lourdes pertes avant même l’arrivée des soldats.

Pendant tout ce temps, les terroristes se sont livrés à une orgie de sang et de haine, s’acharnant sur les civils qui tombaient sous leurs mains, y compris les enfants, les bébés, les femmes enceintes. Ils ont souvent accompagné leurs meurtres de mises en scène d’une cruauté dépassant l’entendement. En quelques heures, plus de 1 400 personnes ont été massacrées et plusieurs dizaines prises en otages par les soudards du Hamas, mais aussi par de simples Gazaouis opportunistes qui se sont précipités pour piller, massacrer ou récupérer un otage ou un cadavre, espérant sans doute les revendre au Hamas.

Israël groggy, mais debout

Sous l’effet de la conjonction de l’effroi devant l’horreur et de l’échec d’institutions qui ont manqué à leur premier devoir, la société israélienne s’est métamorphosée. Après de longs mois d’une crise politique et constitutionnelle qui a vu naître le plus important mouvement de contestation de son histoire, Israël est désormais passé en situation d’« union critique ». La contestation est certes suspendue, mais les griefs ne sont pas oubliés. Des ministres et des députés de la majorité sont souvent accueillis par des huées, ou tout simplement chassés quand ils essaient de rendre visite aux victimes. En même temps, les réseaux forgés pendant la contestation, des machinesde mobilisation et de logistique d’une grande efficacité, ont pris la place des services défaillants. Ils évacuent des civils des localités sinistrés, trouvent des logements et désencombrent les obstacles innombrables d’une bureaucratie lourde et lente à changer d’état d’esprit. Ainsi, du matériel arrêté par la douane a été débloqué en quelques heures grâce à l’intervention directe de « gens connaissant des gens », et donc en mesure d’appeler la nuit le portable de la bonne personne… Tout le monde s’active, improvise, entreprend ou, comme on dit en hébreu, met son épaule sous la civière. Du reste, cette mobilisation inédite depuis octobre 1973 n’est pas de trop.          

Il ne s’agit pas seulement de se tenir chaud en s’affairant, ni de surmonter un stress post-traumatique. En Israël, tout le monde le sait, le risque d’un embrasement général avec le Liban, la Syrie mais aussi la Cisjordanie, sans parler des vagues d’attentats mondiales, voire de l’entrée directe de l’Iran dans la guerre, est bien réel. Cela explique que les États-Unis aient envoyé deux porte-avions patrouiller en Méditerranée, et que le président américain ait dépêché ses principaux ministres avant de se rendre lui-même sur place : il fallait s’assurer que même un Iranien sourd et aveuglepuisse comprendre le message. Et que le gouvernement israélien comprenne, lui aussi, clairement et sans ambiguïté ce qu’il peut et ne peut pas faire à Gaza et ailleurs.

La véritable raison pour laquelle on peut craindre une généralisation du conflit est que les événements sont sans précédent récent, même s’ils rappellent étrangement les étés de 1914 et 1939. Pour ne rien arranger, cette poussée de fièvre survient dans un contexte de guerre froide entre la Chine et les États-Unis. Alors que le système international est d’ores et déjà gouverné par une logique de blocs, une mobilisation mondiale pour étouffer les flammes a peu de chances d’advenir. Tous les hommes de bonne volonté du monde ne vont pas se donner la main. La Chine, qui se voit endosser le rôle de la défunte URSS, se positionne derrière les Palestiniens et découvre à quel point un peu d’antisémitisme – « les juifs contrôlent les médias occidentaux et manipulent les États-Unis » –vous vaut aisément des sympathies au sein du « Sud global » (ci-devant tiers monde, non-alignés, damnés de la terre). La Russie, allié de l’Iran, voit tout naturellement les choses à travers sa croisade contre l’« Occident collectif » et la guerre contre l’Ukraine. Israël, qui s’est fait violence pour garder ses distances et ne pas fâcher Moscou, va sans doute être rangé sur le rayon  « Otanonazis ».

L’avenir de Benyamin Netanyahou

La question anime les conversations à New York et Paris autant qu’à Tel Aviv. Benyamin Netanyahou peut-il survivre (politiquement) à une telle débâcle ?

Les chefs de l’armée et du Shabak ont tous déclaré publiquement et clairement être responsables de l’échec et ses terribles conséquences. Même Naftali Bennett, Premier ministre pendant un an (2021-2022), assume sa part. À quelques exceptions individuelles près, ni le gouvernement ni son chef ne l’ont suivi. Au contraire, certains de leurs porte-parole officieux font circuler des insinuations indécentes. Une publication des religieux nationalistes a déjà laissé entendre que les victimes des kibboutz étaient des athées et donc que le Hamas était l’instrument du châtiment divin. Des « bibistes » notoires ont ainsi attribué l’arrivée tardive des hélicoptères de combat au fait que les pilotes sont de gauche… d’autres ont parlé d’officiers israéliens ayant collaboré avec le Hamas le 7 octobre. Cette petite musique du « couteau dans le dos » permettrait à Netanyahou de mobiliser une partie de sa base et de ses alliés orthodoxes s’il décide de s’accrocher au pouvoir. Dans ce cas, dès que la situation sécuritaire sera stabilisée et les réservistes libérés, la contestation reprendra avec une ampleur sans précédent. Le 7 octobre aura donc probablement la peau de Netanyahou, l’allié objectif du Hamas depuis 2009, mais aussi de sa réforme et de son camp politique. Aujourd’hui, une majorité d’Israéliens attend ce jour avec impatience.

Benjamin Netanyahou rencontre des soldats près de la frontière avec Gaza, 19 octobre 2023. Photo : EPN/Newscom/SIPA

L’heure des armes

Il est difficile de comprendre les calculs politiques et stratégiques qui ont poussé le Hamas àrenverser la table géopolitique de la région. À l’évidence, avant le 7 octobre, l’organisation terroriste se trouvait dans une situation inconfortable : son « embourgeoisement » risquait de gommer la différence avec l’OLP et l’Autorité palestinienne qui avaient misé sur l’abandon de la lutte armée avec Israël. Ce genre de contradiction n’est pas rare dans des mouvements terroristes, mais le Hamas a tranché et opté pour la radicalité et la lutte armée à outrance. Les atrocités sciemment commises par l’organisation samedi matin ne laissent d’autre option à Israël et à ses alliés que de l’éliminer en tant qu’acteur du conflit. Le Hamas a donc brûlé ses vaisseaux et s’est mis complètement entre les mains de l’Iran, chef de file d’un front du refus à Israël, qui a perdu au fil des ans nombre de pays d’importance.

L’organisation islamiste terroriste a également discrédité la cause palestinienne au sein des opinions publiques en Occident, ou d’une large fraction de celles-ci. Enfin, son attaque ayant poussé la société israélienne, très divisée, à mettre ses querelles de côté, cette agression sans précédent tracera sans doute pour les Israéliens un chemin de sortie de leur crise interne. Cependant, à court et moyen termes, les ondes de choc du 7 octobre vont continuer à se faire sentir un peu partout. En Europe, il faut s’attendre à plus d’attentats, à des manifestations virulentes, voire violentes, ou à des attaques contre des ambassades, personnes et intérêts des pays vaguement identifiés comme pro-israéliens. Dans les pays arabes, la pression de la « rue » risque d’ébranler les régimes. La Turquie pourrait profiter de l’occasion pour renforcer sa position de champion de la cause islamiste, comme dans le temps des « flottilles pour Gaza ». En somme, beaucoup tenteront de surfer sur la vague. Cependant, il n’est pas sûr qu’une fois la poussière retombée, le Hamas sera capable de toucher les dividendes de son investissement. À long terme, on verra qui sont les gagnants et les perdants de cette première crise majeure de la nouvelle guerre froide, mais elle contribue certainement à la tectonique des plaques géostratégique d’où sortiront de nouveaux équilibres.

Les contours de la stratégie israélienne commencent à se dessiner. Son premier pilier est le soutien net, concret et puissant des États-Unis. L’allié américain ne se contente pas de déployer ses forces pour rendre crédible sa menace d’intervenir contre le Hezbollah et l’Iran s’ils s’invitent dans le conflit. Washington concocte un ficelage diplomatique et politique qui permette à la fois de donner à Israël le temps nécessaire pour l’opération terrestre dans Gaza et d’élaborer les grandes lignes d’une sortie de crise quand les objectifs militaires auront été obtenus. Nous sommes donc dans un rythme lent. Il ne s’agit pas d’une guerre de six jours, mais plutôt d’une guerre de six mois, qui nécessitera une longue série de combats dans une zone urbaine dense et en présence des nombreux civils. Comme en mai-juin 1967, Israël attend que l’agenda politique soit prêt pour lancer l’armée.

Prenant en compte les défis exceptionnels d’une opération compliquée sous le regard souvent malveillant de la communauté internationale, l’armée israélienne commencerait très probablement par une manœuvre coupant la bande de Gaza en deux au niveau de l’Oued Gaza. Ensuite, l’espace au nord de ce cours d’eau, notamment Gaza ville,la capitale du Hamas, sera encerclée et soumiseà une pression croissante, sur et sous la terre. Le mouvement sera lent pour épargner les civils et recueillir des renseignements détaillés et minutieux, étage par étage, immeuble par immeuble. Au sud de l’Oued, Israël continuera à frapper les cibles identifiées par les airs avec des raids des forces spéciales. Parallèlement et en coordination avec les États-Unis, des couloirs humanitaires et des zones sûres seront créés pour protéger les non-impliqués. Il faut donc s’attendre à une phase de combats de plusieurs semaines, suivie d’une occupation d’une durée difficile à estimer, qui pourrait se compter en mois. Cependant, avant de quitter Gaza pour la troisième fois (après 1957 et 2005), Israël devra probablement revenir aux urnes pour se doter d’une nouvelle majorité et d’un nouveau gouvernement, mieux à même de naviguer dans le nouveau Moyen-Orient. Qui ne sera sans doute pas meilleur.

Novembre 2023 – Causeur #117

Article extrait du Magazine Causeur




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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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