Accueil Édition Abonné Avril 2017 Gauche en phase terminale

Gauche en phase terminale


Gauche en phase terminale
Jean-Pierre Le Goff. Photo : Hannah Assouline.
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Jean-Pierre Le Goff. Photo: Hannah Assouline.

Nb: Cet entretien a été réalisé avant le premier tour de l’élection présidentielle

Gil Mihaely. À quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, la crise au sein du PS semble marquer la fin du grand compromis mitterrandien entre la gauche réformiste et la gauche contestataire. Mais n’a-t-il pas toujours existé « deux gauches irréconciliables », selon l’expression de Manuel Valls ? N’est-ce pas un signe de vitalité de la gauche plutôt que, comme l’annonce le titre de votre dernier livre, de son agonie ?

Jean-Pierre Le Goff[1. Jean-Pierre Le Goff est sociologue, président du club Politique autrement. Il vient de publier La Gauche à l’agonie ? 1968-2017 (éditions Perrin).]. Certains affirment que la gauche française est riche de sa diversité et, se référant aux origines, expliquent que ses divisions sont consubstantielles à son histoire. Avant même l’unification en un seul parti (la SFIO) en 1905 et la scission entre socialistes et communistes au congrès de Tours en 1920, il y a toujours eu, en effet, une diversité de courants. Mais il faut comprendre que cette diversité s’enracinait dans un arrière-fond commun : l’existence d’un mouvement ouvrier et un certains nombre d’idées-forces. Socialisme et communisme croyaient, chacun à leur façon, à un dépassement de la société existante et à la marche de l’Histoire vers son accomplissement, à l’appropriation collective des moyens de production, à l’idée selon laquelle il suffit de transformer la société pour résoudre presque tous les problèmes de l’humanité… Ces thèmes s’articulaient autour d’un sujet historique central : la classe ouvrière qui, en se libérant, était censée libérer l’humanité tout entière.

>> A lire aussi: 1981-2017, socialistes de Mitterrand en Hollande, de Charybde en Scylla: une brève histoire de l’avenu

Aujourd’hui tout cela n’existe plus et la diversité de la gauche n’est plus un indicateur de sa richesse mais un signe de son morcellement sur fond de crise de sa doctrine. Ce n’est pas seulement le communisme totalitaire qui est en question mais les idées et les représentations qui ont façonné la gauche depuis le XIXè siècle. Le mitterrandisme et le hollandisme en ont été le tombeau. Nous sommes à la fin d’un cycle historique.

Pourtant, la crise aidant, les millions de précaires, laissés-pour-compte et « gueules cassées de la mondialisation » (Patrick Buisson) pourraient constituer pour la gauche un nouveau socle sociologique…

Le mouvement ouvrier n’était pas simplement une classe au sens économico-social, c’était un monde au sens anthropologique du terme avec ses valeurs de solidarité et de coopération, sa morale et ses comportements, ses associations et ses organisations, avec un fort sentiment d’appartenance. Aujourd’hui, ce monde ouvrier est mort, ce qui ne veut pas dire que les ouvriers comme catégorie sociale et les couches populaires ont disparu. Les « précaires » ne forment pas un mouvement qui se structurerait autour de valeurs communes et d’un projet alternatif de société. Nuit debout et les zadistes n’ont pas grand-chose à voir avec


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Avril 2017 - #45

Article extrait du Magazine Causeur




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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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