Des universités font un reproche terrible au héros de l’indépendance indienne. Le retrait de statues est même demandé.
Héros de l’indépendance indienne, le Mahatma Gandhi ne fait plus l’unanimité. Depuis cet hiver, l’association étudiante Manchester Student Union (MSU) l’accuse du pire des maux contemporains : le racisme. Sous le hashtag #GandhiMustFall (#Gandhidoittomber), ses militants ont lancé une campagne Twitter doublée d’une pétition en ligne exigeant le déboulonnage de la statue de bronze de 2,75 mètres récemment installée devant l’université mancunienne.
Dans une lettre adressée au conseil municipal de Manchester, la MSU cite les propos peu amènes qu’a tenus Gandhi durant son séjour en Afrique du Sud. Sous sa plume, notamment dans ses articles à l’Indian Opinion, les Africains apparaissent comme des personnes « sauvages », « non civilisées » et « sales comme des animaux ». Et pour alourdir son dossier, ces étudiants en quête d’une cause reprochent à Gandhi de s’être rendu « complice des exactions raciales au sein de l’empire britannique en Afrique ».
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Avant d’agiter Manchester, l’affaire a démarré au Ghana, pays chantre du panafricanisme, qui a exhumé de vieux textes où le Mahatma fait l’apologie de la pureté raciale. Choquée, l’université d’Accra a fait déboulonner la statue du héros de l’Inde. À quelques milliers de kilomètres de là, la Manchester Student Union entend bien lui emboîter le pas, dénonçant par ailleurs l’utilisation de l’image du Mahatma par le gouvernement de New Delhi comme « outil de propagande ».
Une fois n’est pas coutume, les élus ont refusé de céder aux oukases du syndicat étudiant. « Gandhi a inspiré les dirigeants africains, y compris Nelson Mandela, […] c’est un citoyen du monde et une icône de la paix. La statue de Manchester est ici pour célébrer le pouvoir universel de son message », ont répondu les élus de Manchester. Loin de se laisser convaincre, les syndicalistes étudiants ont exigé des excuses du conseil municipal, le sommant par ailleurs de « commémorer un militant antiraciste noir ayant eu des liens avec Manchester, comme Olive Morris ou Steve Biko ».
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Contre vents et marées, la statue a bel et bien été inaugurée le 25 novembre à Manchester en présence des officiels indiens.
Gare à ce qu’elle ne tombe pas de son piédestal.