Dans l’opus que Le Monde s’est empressé de publier sans même le soumettre à la lecture pointilleuse des secrétaires de rédaction, Dominique Galouzeau de Villepin, ci-devant premier ministre et aspirant à la plus haute fonction de la République, s’est déchaîné contre son ennemi intime Nicolas Sarkozy. Et quand Galouzeau est en colère, côté style, ça déménage ! Il pleut des métaphores comme à Gravelotte. Passe encore pour la « tâche de honte sur notre drapeau » déposée à Grenoble par le président en exercice. Aurait-il lu Philippe Roth ? Cette tache nous plonge dans la perplexité quant à sa nature.
Mais la franche rigolade est de mise lorsqu’on découvre les figures de style villepiniennes qui nous invitent à constater, par exemple, que « la rupture ente le sommet de l’Etat et la nation est en marche ». Je dirais même plus : la rupture, elle court ! Il accuse également notre président et ses courtisans de tenter de réveiller « L’hydre (qui sommeille) au fond de chacun de nous ». Il ne peut s’agir que d’une version parasite, style ténia, de l’hydre de Lerne, dont Hercule trancha d’un seul coup d’épée les sept têtes. Quelle horreur ! Ce Sarko est pire qu’un monstre ! Il invite d’autre part les hommes politiques à « se hisser au delà des arrière-pensées électorales ». Comme il est déjà pour le moins hasardeux, stylistiquement, de se hisser au-delà de la pensée, il faut être un cador de la poésie comme Dominique pour réaliser cet exploit « au-delà de l’arrière ». On a pu entendre quelques commentateurs de la radio publique française qualifier cette prose de « gaullienne ». Disons plutôt : gaugaullienne.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !