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Gadin commercial pour le cheval

La dernière boucherie chevaline de Paris ferme. Il y en avait près de 300 il y a 50 ans


Gadin commercial pour le cheval
Une nouvelle qui réjouit tous les canassons... DR

La fin de lhippophagie ?


Un remake de la Mort du Petit cheval d’Hervé Bazin ? Selon Le Parisien du 19 novembre, la dernière boucherie 100 % chevaline de Paris va bientôt mettre la clef sous la porte. Jacques Leban, artisan boucher octogénaire et heureux propriétaire, partira en retraite sans avoir pu trouver de repreneur. Établie rue de Cambronne dans le XVe – sans doute l’arrondissement le plus provincial et chaleureux de la capitale – l’échoppe tapissée de carrelage, avec ses frigos de bois et sa tête de cheval surplombée, sent bon le vieux Paris d’Amélie Poulain ou d’Alphonse Boudard.

La nouvelle rend nostalgique. On imagine mal nos bourgs sans boucheries. De tous les vieux métiers, c’est celui de la viande qui le premier a donné sa fonction commerciale et artisanale aux centres urbains à partir du Moyen Âge.

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Au XXIe siècle, l’art de la viande se perd ou s’affadit ; toutes ses variantes sont résumées par le simple label « d’artisan boucher ». On ne parle plus depuis longtemps ni de volaillers, ni de tripiers. Même les charcuteries sont de plus en plus rares. Et l’hippophagie, en boucherie comme au Tiercé, essuie de sérieux gadins ! Le nombre de chevaux tués dans les abattoirs nationaux est passé de plus de 20 000 en 2013 à 3882 en 2022 (contre presque 750 millions de poulets). Pour une clientèle vieillissante : les plus de 50 ans représenteraient 80% des acheteurs.

À quoi attribuer cette évolution ? D’après une étude de l’institut français du cheval et de l’éducation, les sondés, en grande majorité réticents à toute consommation de viande équine, invoquent pour beaucoup des critères moraux ou éthiques. La démocratisation des sports équins fait voir le cheval comme un animal de compagnie. L’artisan boucher confie d’ailleurs au Parisien1 en avoir « ras-le-bol ! On me traite d’assassin parce que je vends du cheval ». Le cheval ne sera pas le premier animal à être sauvé de l’abattoir par son insuccès commercial. Pour rappel, la dernière boucherie de chiens a fermé à Paris… en 1925.


  1. https://www.leparisien.fr/paris-75/a-paris-la-fin-des-boucheries-chevalines-jen-ai-ras-le-bol-on-me-traite-dassassin-19-11-2023-YSSO47UZ2ZFXTJJNJ6A7FCKMZE.php ↩︎


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