Gad Saad, professeur de sciences à l’université Concordia de Montréal, est un adversaire résolu du « wokisme » et de la « cancel culture ». Son livre, The Parasitic Mind, publié en anglais en 2020, vient de paraître en français aux éditions FYP. Aujourd’hui, Causeur est fier d’en publier les bonnes feuilles…
Juif libanais contraint de fuir son pays à l’époque de la guerre civile, sachant mieux que quiconque ce que c’est que d’être victime de préjugés et de persécutions, il rejette la victimologie actuelle qui nous réduit tous au statut d’oppresseur ou d’opprimé. Son attaque contre l’obscurantisme progressiste allie de solides connaissances scientifiques à un humour désopilant. Extraits…
« Lorsque nous pensons à une pandémie, l’image qui nous vient souvent à l’esprit est la peste noire, la grippe espagnole, le sida ou la Covid-19, des maladies infectieuses mortelles qui se propagent rapidement à travers le monde et causent des souffrances humaines inimaginables. L’Occident souffre actuellement d’un autre genre de pandémie, une maladie collective qui détruit la capacité́ des individus à penser rationnellement. Contrairement aux autres épidémies, où la responsabilité́ revient aux agents pathogènes biologiques, le coupable à l’œuvre aujourd’hui est constitué́ d’un ensemble de fausses théories, nées principalement sur les campus universitaires, et qui ébranlent les fondements même de la raison, de la liberté́ et de la dignité́ individuelle. Ce livre identifie ces éléments pathogènes, traite de leur propagation dans tous les secteurs, comme la politique, les affaires, ainsi que notre culture, et propose des moyens de nous immuniser contre leurs effets dévastateurs.
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Ces concepts pathogènes détruisent notre compréhension de la réalité, au mépris de tout bon sens, aboutissant à des affirmations telles que : l’art invisible est une forme d’art, toutes les différences entre les sexes sont dues à une construction sociale, ou encore certaines femmes auraient des pénis de dix centimètres.
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Lorsqu’on leur demande quel est l’animal qu’ils craignent le plus, la grande majorité d’entre nous mentionne généralement les grands prédateurs (le grand requin blanc, le crocodile, le lion, l’ours) ou peut-être les scorpions, les araignées ou les serpents — les humains ont développé une prédisposition à de telles phobies. Or, l’animal qui a tué le plus grand nombre d’êtres humains au cours de l’histoire est absent de cette liste : il s’agit du moustique. Il se trouve que j’ai une profonde phobie des moustiques. Je ne compte pas le nombre de nuits où j’ai tenu ma femme éveillée dans une chambre d’hôtel (généralement lors de nos vacances aux Caraïbes) pour chasser un moustique insaisissable. Je dis souvent à mon épouse qu’il s’agit d’une phobie plutôt «sensée». Il est en effet plus logique de craindre le moustique que d’être obsédé par l’attaque d’un grand requin blanc. Les moustiques tuent en transmettant à leurs victimes des agents pathogènes mortels, dont la fièvre jaune (virus) et le paludisme (parasite). Au cours de son évolution, l’homme a été exposé à des menaces existentielles telles que les agents pathogènes comme la tuberculose (bactérie), la lèpre (bactérie), le choléra (bactérie), la peste bubonique (bactérie), la polio (virus), la grippe (virus), la variole (virus), le VIH (virus) et Ebola (virus). La bonne nouvelle, c’est que nous avons trouvé des moyens d’atténuer, voire d’éradiquer, bon nombre de ces dangers grâce à une meilleure hygiène, l’assainissement des eaux, la vaccination, ainsi que des solutions plus simples comme les moustiquaires.
L’objectif central de ce livre est d’explorer d’autres agents pathogènes qui sont potentiellement aussi dangereux pour la condition humaine : les idées pathogènes qui parasitent l’esprit humain. Il s’agit de structures mentales, de systèmes de croyance, de postures et d’idéologies qui perturbent la capacité d’une personne à réfléchir correctement. Lorsque ces virus de l’esprit s’emparent des circuits neuronaux d’une personne, celle-ci perd sa capacité à raisonner et à faire appel à la logique, la raison et la science pour explorer le monde. Elle sombre alors dans un profond abîme irrationnel, caractérisé par un rejet catégorique de la réalité, du bon sens et de la vérité. Le règne animal regorge d’exemples de pathogènes qui, une fois qu’ils ont infecté le cerveau d’un organisme, produisent des résultats plutôt morbides, comme la stérilité de l’hôte (castration parasitaire), voire sa mort réelle (l’hôte se suicide).
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À l’instar des parasites du cerveau qui poursuivent des objectifs de reproduction en tirant profit de leurs hôtes, les virus parasites de l’esprit humain fonctionnement de la même manière, en trouvant des moyens astucieux de se répandre dans une population donnée (par exemple, en incitant les étudiants à s’inscrire dans des départements d’études de genre), dans le but de rendre l’esprit imperméable à la pensée critique. Parmi les virus de l’esprit humain figurent le postmodernisme, le féminisme radical et le constructivisme social, qui prospèrent tous dans un seul écosystème infecté : l’université. Voici un schéma plus complet de ces parasites qui mettent en péril l’engagement occidental en faveur de la liberté, de la raison et de la démocratie et entraînent la mort de l’Occident à petit feu :
Bien que chaque virus de l’esprit constitue une souche différente d’aliénation mentale, ils sont tous liés par le rejet total de la réalité et du sens commun (le postmodernisme rejette l’existence de vérités objectives ; le féminisme radical s’étouffe à la simple idée qu’il existe des différences biologiques entre les femmes et les hommes ; et le constructivisme social postule que l’esprit humain commence comme une feuille vierge dépourvue de caractères biologiques). J’ai nommé́ cette catégorie de virus de l’esprit «syndrome parasitaire de l’autruche» (SPA), à savoir diverses formes de pensée désordonnée qui conduisent les personnes atteintes à rejeter des vérités et des réalités aussi évidentes que la force de gravité. Tous les cancers partagent le même mécanisme de prolifération de cellules incontrôlée dans l’organisme ; de manière analogue, le point commun de tous les virus de l’esprit est le rejet de la vérité pour défendre une idéologie. La tribu idéologique à laquelle on appartient varie selon les virus de l’esprit, mais le but est toujours de défendre son dogme, y compris en bannissant la vérité et la science. Mais tout n’est pas perdu pour autant. Le syndrome parasitaire de l’autruche n’est pas forcément une maladie mortelle pour l’esprit humain. Rappelons que de nombreux agents pathogènes biologiques sont vaincus par des stratégies d’intervention ciblées (comme le vaccin contre la polio). Il en va de même pour les personnes atteintes du SPA et d’autres virus de l’esprit. L’inoculation prend la forme d’un vaccin cognitif en deux étapes :
1) fournir aux personnes atteintes du SPA des informations exactes ;
2) s’assurer que les personnes atteintes du SPA apprennent à traiter l’information selon les principes probants de la science et de la logique.
Si nous ne gagnons pas la bataille des idées, les ennemis de la raison, ainsi que les virus de l’esprit qu’ils promulguent, conduiront nos sociétés libres à une autodestruction insensée ».
A lire: Les Nouveaux virus de la pensée : Wokisme, cancel culture, racialisme… et autres idéologies qui tuent le bon sens (préfacé par Mathieu Bock-Côté), FYP Editions, avril 2022
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The Parasitic Mind: How Infectious Ideas Are Killing Common Sense (English Edition)
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