Éducation. Gabriel Attal prévoit une baisse importante du taux de réussite au brevet des collèges. Selon le Premier ministre, « mentir aux élèves, ce n’est pas leur rendre service». Une petite révolution.
Gabriel Attal a annoncé une chute du taux de réussite au Brevet des collèges. Il était jeudi 14 mars avec Nicole Belloubet, dans un collège de Chartres, en Eure-et-Loir. Le Premier ministre a déclaré : « On sort d’une époque où, il faut le dire, on s’est mis progressivement à cacher le véritable niveau des élèves au moment des examens, notamment au brevet. (….) Avec ces correctifs académiques, on voulait atteindre un certain niveau de réussite au brevet – globalement que tout le monde ait son brevet. Et pour y parvenir, on gonflait artificiellement les notes des élèves. On met fin à cette pratique. »
La fin des notations Potemkine
Excellente nouvelle. J’applaudis des trois mains ! Depuis quarante ans, la politique éducative tient en un mot : mensonge.
On planque le désastre à l’aide de notations Potemkine imposées aux professeurs.
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Le bac obéit à cette logique digne du plan quinquennal de Staline. Jean-Pierre Chevènement promettait 80% d’une classe d’âge au bac, on a abaissé le bac au niveau des élèves, en instaurant des correctifs académiques, c’est à dire une grande falsification.
On me dit que j’exagère, que c’est une notation bienveillante
Mais si un comptable fait ça, il est envoyé en taule ! Je vous renvoie au papier de septembre de Corinne Berger, Confession d’une truqueuse de notes[1]. On oblige les professeurs à surnoter en fonction d’une moyenne calculée à l’avance. « Ce simulacre de correction ne sert qu’à valider des chiffres préétablis » écrit notamment l’enseignante. Accessoirement, il permet aussi de prétendre qu’Henri IV à Paris et Rosa-Parks à Saint-Denis ont le même niveau…
Cette entourloupe soviétique a été longtemps encouragée par de prétendus sociologues (notamment, ceux qui avaient écrit Le Niveau monde[2]) et tous leurs porte-voix médiatiques. Quiconque dénonçait la supercherie était réac, partisan de l’école de papa – laquelle apprenait à lire et écrire.
Résultats :
- Le bac est désormais inutile. Dans les bonnes formations supérieures, la sélection drastique demeure, mais est adoucie ou camouflée par Parcoursup.
- Dans les enquêtes internationales non verrouillées par les idéologues (comme les études PISA), on observe année après année la chute dramatique du niveau des élèves français.
Gabriel Attal est le premier à vraiment dire la vérité. Et s’il n’a pas encore été exécuté, c’est que même les parents ont maintenant compris qu’on leur a vendu du vent.
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Certes, il ne s’attaque pour l’instant qu’au brevet, un examen sans enjeu. Mais tout de même, le brevet sanctionne le niveau de fin de collège, maillon faible du système éducatif (et résultat des bonnes intentions égalitaristes du collège unique). On laisse passer de classe en classe des élèves incapables de lire, écrire et compter ; on leur file le bac et on les lâche ensuite dans la nature sans la moindre culture et/ou compétence.
Il faudrait que la vérité des notes ait des conséquences (je pense au redoublement). Il n’empêche, après les groupes de niveaux, Attal touche encore à un tabou.
Cela fera grincer des dents. Pourtant, des mauvaises notes, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à nos ados.
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Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale à 8 heures.
[1] https://www.causeur.fr/bac-confessions-dune-truqueuse-de-notes-266202
[2] Le Niveau monte. Réfutation d’une vieille idée concernant la prétendue décadence de nos écoles, Christian Baudelot et Roger Establet, Points, 1989
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