C’est peu dire que la réélection d’Ali Bongo ne s’est pas très bien passée. Déjà en 2009, le résultat du suffrage présidentiel avait souffert de violentes émeutes urbaines. Et puis tout était reparti comme avant.
La Françafrique bouge encore
Après l’annonce des résultats aussi serrés que controversés, il y a bien eu des morts et des blessés dans la capitale. L’Assemblée nationale a brûlé et le quartier général du principal opposant, Jean Ping, a été pris d’assaut. Des violences somme toutes symboliques si on les compare à celles de Bujumbura ou de Bangui. Mais globalement l’armée est restée calme et la Police a maintenu l’ordre. Libreville est largement sous contrôle d’Ali Bongo Odimba. Une semaine après la nuit des résultats, la crise Gabonaise a déjà quitté le fil principal de l’actualité.
Les médias internationaux s’attendaient à un scénario à la burkinabé ou à la centrafricaine. Le spectre d’une crise de dix ans à l’ivoirienne était dans tous les esprits. Il est vrai qu’Ali, le fils putatif de l’ancien agent de la Françafrique, contraste par sa raideur avec la bonhomie paternelle d’Omar. Certains guettaient déjà l’avion d’Ali Bongo avant qu’il ne s’envole vers un pays ami. La foule, d’abord en liesse, se serait ensuite jetée sur le palais présidentiel pour piller le butin amassé depuis tant d’années. Il n’en fut rien. Le fils Bongo s’est fait un prénom. Son deuxième septennat s’ouvre déjà. La Françafrique, aux intérêts pétroliers et militaires conséquents, est toujours debout.
Ping, l’ex-cacique du régime
Les protestations discrètes se sont fait entendre ici et là, à Paris ou à Bruxelles. Mais la perspective de voir Jean Ping s’installer aux commandes de l’Etat gabonais a sans doute modéré l’enthousiasme révolutionnaire. L’ancien cacique du régime, ex gendre d’Omar Bongo, peine à incarner le renouveau politique. Directeur de cabinet du président dès 1984 sans être de l’ethnie majoritaire fang. Plusieurs fois ministres avant d’être exilé comme haut fonctionnaire international après 2008, son accession au pouvoir n’aurait pas fondamentalement changé les rouages et les pratiques de l’état gabonais.Assez malhabile, il a d’ailleurs annoncé sa victoire avant même d’attendre les résultats officiels. Ses partisans se sont aussitôt lancé dans les violences qui ont fait craindre le pire. Ils ont malgré eux renforcé l’image d’un Ali Bongo garant de l’ordre et de la stabilité. Tandis que Jean Ping perdait ses qualités d’opposant pacifique.
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