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Front républicain: inventaire avant liquidation


Front républicain: inventaire avant liquidation
Manifestation contre le Front national à Paris, mai 2017. SIPA. AP22046902_000045
Manifestation contre le Front national à Paris, mai 2017. SIPA. AP22046902_000045

Je me souviens d’avril 2002 et des longs cortèges de manifestants criant leur peur de voir la France gouvernée par le Front national de Jean-Marie Le Pen. De 4,8 millions d’électeurs en 2002, le Front national est passé à 7,6 millions d’électeurs le 23 avril 2017. Près de 3 millions d’électeurs en plus en 15 ans. Pourquoi ?

Parce que Marine Le Pen a « dédiabolisé » le Front national et l’a transformé en mouvement Bleu Marine ? Parce qu’elle s’est entourée d’une jeune garde de hauts fonctionnaires qui n’ont pas été élevés aux chants de la Waffen-SS édités par la SERP, le label créé par son père en 1963 ? Peut-être, mais pas seulement.

Depuis 2002, rien n’a été fait

C’est surtout parce que ceux qui, en avril 2002, avaient exigé et obtenu la mise en place d’un cordon sanitaire autour du Front national n’ont rien fait depuis pour répondre aux attentes des électeurs du Front national. Que ce soit en termes d’immigration, de lutte contre le chômage, ou contre la pauvreté. En janvier 2012, François Hollande avait pourtant prévenu : son « véritable adversaire, c’est le monde de la finance ». Cocus, les employés des hauts-fourneaux de Florange, de Schneider Electric ou Whirlpool ont gonflé, pour partie, l’électorat de Marine Le Pen.

Entre 2000 et 2002, Lionel Jospin avait lamentablement fermé les yeux sur l’insécurité, proposant un bilan médiocre et une communication catastrophique. Depuis quelques années, la gauche au pouvoir retombe dans les mêmes travers à ceci près que la situation s’est aggravée de façon significative en France. Des manifestations ont eu lieu au cours desquelles on a crié « Mort aux Juifs », attaqué des synagogues, des commissariats, incendié des voitures de police, agressé des policiers. Elles auraient dû entraîner des sanctions sévères.

Entre 2015 et 2017, des attentats islamistes ont fait 237 morts et des centaines de blessés en France. Le dernier en date a coûté la vie à un policier assassiné à la kalachnikov en plein Paris. Au lieu de rassurer les français par un discours fort et de mettre en place les mesures idoines, nos gouvernants et les médias ont ânonné en chœur et ad nauseam leurs antiennes favorites du « pas d’amalgame » et du « vivre-ensemble ». Ils n’ont pas compris que c’est, au contraire, en refusant de nommer clairement l’ennemi, de peur de « stigmatiser » et de se faire taxer d’islamophobe, qu’ils participent – de fait – à amalgamer une partie de la population française avec la peste islamiste.

Marine Le Pen, un danger contre lequel on ne sait pas lutter

La thématique sécuritaire a été quasiment absente de la campagne présidentielle qui s’est concentrée, au mépris de la présomption d’innocence, sur les turpitudes des uns et des autres entretenant ainsi l’impression du « tous pourris » qui a fait monter l’extrême-droite. Cette extrême-droite qui ne souffre pas de ses propres « affaires » puisque c’est le « système » qui, selon elle, les crée de toutes pièces.

Et voilà où nous en sommes. A agiter le spectre du chaos pour tenter, à nouveau, de faire barrage au Front national.

Et c’est effectivement une nécessité car Marine Le Pen est un danger.

Un danger pour l’idéologie que certains de ses proches véhiculent. Qui peut croire en effet qu’elle ignorait les propos de Jean-François Jalkh ? Qui peut croire que l’exclusion de son père du parti ne résume pas à une action cosmétique lorsque ses proches Chatillon – ami de longue date de Soral et Mbala Mbala – et Loustau – admirateur à ses heures du nazi belge Léon Degrelle – continuent de l’entourer ?

Voter Macron, même par dépit

Un danger en raison de son programme économique. La sortie de l’euro, couplée à la hausse des dépenses publiques et aux mesures de protectionnisme économique, aurait des conséquences dévastatrices sur notre économie.

Et c’est un fait, s’y opposer efficacement implique de voter pour Emmanuel Macron, fut-ce par un immense dépit.

Mais ce dernier ne doit pas croire que ce nouveau « front républicain » est un blanc-seing qui lui est donné. Plusieurs de ses soutiens actifs et membres d’En Marche ! se sont révélés être également pro-Union des organisations islamiques de France (UOIF) et Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), proches des Frères Musulmans, cette organisation qui prône la charia, l’établissement d’un califat mondial et le djihad. Ses positions sur ce dangereux entrisme politico-religieux seront regardées à la loupe notamment dans le cadre des investitures pour les législatives à venir.

Il devra garder en mémoire ce que François Hollande a oublié après son élection. Ce n’est pas tant pour Macron que de nombreux français vont voter le 7 mai que contre Marine Le Pen.

Il lui faudra s’en souvenir parce qu’en 2022, cet artifice ne prendra plus.



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