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Le Front national n’existe plus

Une tribune de Jean-Paul Brighelli


Le Front national n’existe plus
Marine Le Pen en conférence de presse, septembre 2017. SIPA. 00824410_000002

Rappelez-vous le Kairos — l’Occasion que vous présentent parfois les Dieux, et qu’il faut saisir par le bout des cheveux, sous peine de la voir s’envoler… « A la ocasion la pintan calva », disent les Espagnols. Le Kairos, Marine Le Pen l’a eu trois fois à portée de main, et trois fois elle l’a laissé passer. Il n’y en aura pas de quatrième.

Trois fois. Elle aurait pu pousser papa dans les escaliers de Montretout — après tout l’Histoire romaine et les drames shakespeariens sont pleins de ces initiatives de bon sens dynastique qui poussent les héritiers à sacrifier leurs pères sur l’autel d’une plus haute ambition. Elle aurait pu changer — à temps, en 2012 sans doute — le nom de son parti, qui reste un épouvantail bien commode, surtout dans un pays de médias paresseux. Elle aurait dû gagner son débat imperdable contre Emmanuel Macron — mais là, les dieux lui ont donné l’Hubris, ce sens de la démesure et de la suffisance qui vous pousse à croire que « ça ira », au moment même où rien ne va plus.

Marine est revenue à Le Pen

Quant au prétexte d’une migraine ophtalmique — un symptôme psychosomatique s’il en fut jamais —, quand on est la fille d’un chef borgne, il signifie seulement le désir profond, chez la rejetonne comme chez le patriarche, de ne pas gagner. Tant pis pour le dernier carré de fidèles qui croient décrocher quelque chose le jour où le FN parviendra au pouvoir : il n’en a jamais eu et n’en aura jamais l’intention.

Pour clore une si belle série, elle vient de virer Philippot pour se recentrer sur ses fondamentaux — en clair, sa nièce et le clan de lapins crétins qui s’agitent autour d’elle. Maître Collard vient d’adhérer : ils sont sauvés !

Le FN a donc fait un grand trou dans ses poches et dans ses prétentions, un trou par lequel s’écouleront, dans les mois à venir, un bon nombre des 11 millions de voix qui s’étaient portées au second tour sur Marine Le Pen. Je parierais presque que dans un an, il ne restera dans ce parti « recentré sur ses fondamentaux », c’est-à-dire sur l’ultra-libéralisme, la francité blonde et l’obsession xénophobe, que la…

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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