Alors que l’Autriche, par exemple, a interdit les slogans et la littérature des Frères musulmans, l’affaire Haouach souligne la mansuétude dont la confrérie islamiste bénéficie en Belgique. Chez nos voisins, on préfère plutôt se cacher la tête dans le sable qu’alimenter l’extrême-droite ! Récit.
L’écologisme – l’idéologie écologiste à relents sectaires qui est en train de s’étendre en Europe sous prétexte de protection de la Nature et de lutte contre le dérèglement climatique – qui sévit en Belgique a tout à voir avec celui qui règne en France. Il y subit le même type de dérives. En Belgique également, le parti ECOLO-GROEN pratique le clientélisme communautariste sans garde-fous, allant bien plus loin que les autres partis de gauche, notamment le Parti socialiste wallon que la tradition laïque et l’ancrage franc-maçon obligent tout de même à ne pas dépasser certaines limites.
Une femme musulmane voilée et diplômée est pour les écolos belges comme le chiffon rouge agité devant le taureau. Ils perdent tout repère et toute précaution, seul compte le combat contre les discriminations qui, dans ce cas, remplit au moins deux cases du néoprogressisme contemporain : la lutte contre l’islamophobie et contre le machisme.
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C’est ainsi que les écologistes belges, qui détiennent notamment le portefeuille de secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité dans le gouvernement d’Alexander De Croo, ont proposé récemment Ihsane Haouach au poste de Commissaire pour l’Égalité Hommes-Femmes.
Talents issus de la diversité
La politique de la coalition actuellement au pouvoir en Belgique (socialistes-libéraux-écologistes) mise clairement (et légitimement) sur la mise en avant de « talents » issus de la diversité. Diplômée de la prestigieuse Solvay Brussels School – Economics & Management, Ihsane Haouach remplissait les critères. En apparence, du moins. Car, tout d’abord, il ne saute pas directement aux yeux qu’une femme voilée (on parle aujourd’hui de « foulard » pour atténuer le caractère clairement patriarcal du voile islamique) puisse incarner la lutte pour l’égalité homme-femme… Cette nomination provoque donc des remous assez rapidement, car le voile de la nouvelle Commissaire rompt avec la tradition de « neutralité » (version belge de la laïcité) à ce type de poste garant de l’équilibre des institutions.
Le premier à s’émouvoir de la situation est le Mouvement réformateur (plus ou moins l’équivalent des Républicains, et qui fait partie de la coalition au pouvoir) qui a pourtant plus ou moins entériné préalablement cette nomination avec ses partenaires du gouvernement. Le directeur scientifique du centre d’études de ce parti, soulignera, lors de la première réunion du conseil d’administration, que le voile de Mme Haouach pose problème en réunion… L’intéressée crie assez vite dans Le Soir à « des attaques sexistes et racistes ». Mais plusieurs médias ressortent des déclarations plus que borderline d’Ihsane Haouach selon lesquelles, la neutralité devrait « s’adapter à l’évolution démographique » (lisez : la lente islamisation de certaines villes de Belgique). Elle s’y plaignait également que l’Islam n’est, hélas, pas suffisamment organisé en lobby. Militantisme plus que gênant. D’autant que ressort dans la presse une photographie la montrant lors d’un dîner en compagnie de personnes proches des Frères musulmans… Le député de gauche qui a commencé sa carrière de médecin à Handicap International, Georges Dallemagne (Centre démocratique humaniste, ex-démocratie chrétienne) monte au créneau également. L’opposition N-VA (nationalistes flamands)-CDH demande une audition de Mme Haouach à la Chambre des députés pour explication.
Miscasting
Sa situation devenant vite intenable, Ihsane Haouach démissionne. Les écolos s’aperçoivent un peu tard de l’extraordinaire erreur de casting qu’avait constitué sa nomination. Le Premier ministre De Croo tiendra plus tard ces propos curieux : « Je préfère une femme voilée diplômée qui travaille plutôt que rester à la maison. » Les mères au foyer Bac+5 apprécieront…
Cette saga qui a occupé la « une » des journaux belges pendants quelques semaines, a toutefois un mérite : elle a permis de déterrer une note de la Sureté de l’Etat, très peu médiatisée côté francophone à propos de l’entrisme des Frères musulmans. Une confrérie au fonctionnement opaque dont la propension est, justement – comme le gouvernement belge ! – de recruter des musulmans diplômés et hautement éduqués. Cette note n’exclut d’ailleurs pas totalement l’appartenance de Mme Haouach aux Frères musulmans, mais précise qu’aucune preuve n’existe… Comme par définition, il s’agit d’une société secrète, le mystère reste entier.
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Alors que le gouvernement conservateur… écologiste (!) autrichien a carrément interdit les slogans et la littérature de la Confrérie, en Belgique, surtout francophone, les médias préfèrent généralement mettre ce type de problème sous le tapis, histoire de ne pas réveiller une extrême-droite pourtant politiquement exsangue en Wallonie. Une stratégie totalement contre-productive, puisque ce type d’incident réveille justement la méfiance envers l’islam, au détriment des musulmans laïques intégrés.
Comme souvent, la vérité sort de la bouche de ces musulmans-là qui ne savent que trop bien le danger que l’islamisme fait peser sur beaucoup de pays du Maghreb et du Moyen-Orient. C’est ainsi qu’un collectif, emmené par Malika Akhdim, militante féministe et laïque et l’humoriste Sam Touzani, a rappelé dans une tribune du Vif-l’Express la dangerosité de ce mouvement frériste encore trop peu documenté en Belgique, regrettant qu’il ne soit pas pris suffisamment au sérieux. Il faut dire que quiconque s’y intéresse de près doit vite se résoudre à vivre sous protection policière. Mohamed Sifaoui, qui dissèque l’entrisme des « Frères » en France dans son récent ouvrage Takiyya, peut en témoigner.
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