Frédéric Simonin est l’un des derniers chefs-patrons de Paris, un vrai Parigot-tête de veau qui, avant de faire ses classes auprès de Joël Robuchon, a connu l’école de la rue, en banlieue. Aussi attentif envers son personnel qu’il l’est à l’origine de ses produits, c’est en poète qu’il décline les terroirs de France.
Les Jeux olympiques attendus par tous comme le Messie auront au moins eu le mérite de nous révéler le vide intergalactique qui habite le cerveau de nos dirigeants et l’idée au fond très pessimiste qu’ils se font de notre pays : comme si, pour exister, Paris avait besoin de ces bacchanales païennes vues et revues à satiété. Outre que tout le monde a eu, ou aura, un jour, les JO (d’où le côté vulgaire de la chose), rappelons à nos Machiavel de pacotille que Paris rayonnait autrefois, telle une étoile transformant sa propre substance en lumière. Quelle était donc la substance de Paris ? C’était une ville vivante et amusante où le petit peuple côtoyait la bourgeoisie et l’aristocratie, parfois au sein d’un même immeuble (ce que raconte très bien Hemingway dans son plus beau livre : Paris est une fête). Les petits commerces à la façade élégante pullulaient dans tous les quartiers, ainsi que les bals musette, les foires au jambon et les matchs de boxe… Les plus grands peintres et les meilleurs écrivains y avaient élu domicile, jouissant de cette liberté de créer et d’aimer qui n’existait nulle part ailleurs. Dans Le Monde d’hier
