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Frédéric Mitterrand a-t-il bien enterré Bambi ?


Frédéric Mitterrand a-t-il bien enterré Bambi ?

« Nous avons tous un Michael Jackson en nous » : la mort de Michael Jackson, qui lui a donné l’occasion de son premier communiqué officiel, inaugure le mandat de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture en même temps qu’elle en donne le ton.

Plus encore que dans les grands desseins ou les projets prestigieux (qui devraient se faire rares en ces temps de vaches maigres, qui ne relèvent même pas de ce « cow art » qui avait essaimé il y a trois ans sur les trottoirs de Paris), plus sûrement que dans la gestion de dossiers aussi riches en épines que pauvres en paillettes (Hadopi, chronologie des médias, sans parler des intermittents du talent, qui n’ont plus fait parler d’eux depuis trop longtemps), le neveu de Tonton ne devrait pas manquer d’exceller dans la célébration lyrique, larme toujours au coin de la voix et paupière vibrante d’empathie glamour, des grands de ce monde, à l’occasion de leur disparition ou de leur passage rue de Valois pour s’y voir épingler une quelconque rosette lors de l’étape parisienne de leur dernière tournée de promotion. Le tout dans ce style inimitable qui fit les belles heures de « Etoiles et toiles » ou de « Destins », à mi chemin des Belles histoires de l’oncle Paul et de la rubrique people de Têtu : « En rejoignant les mythes fracassés dont la culture américaine est prodigue tels Marylin Monroe, James Dean ou Elvis Presley, il emporte avec lui le rêve impossible de l’adolescence perpétuelle », écrit-il ainsi de Michael Jackson.

À moins que, décidé à se faire un prénom en politique, Frédéric Mitterrand, enterrant avec Bambi « le rêve impossible de l’adolescence perpétuelle », ne se révèle le ministre de la Culture que l’on n’attendait plus : celui des révisions déchirantes, qui mettrait fin à des décennies de clientélisme somptuaire, cessant d’acheter la paix culturelle à coups de subventions à des spectacles fantômes et invisibles, de célébrations de l’art contemporien, de nominations d’artistes au pouvoir de nuisance inversement proportionnel à leur génie, pour s’atteler à un grand dessein aussi peu glamour qu’historique : être celui qui sauvera le patrimoine français de la ruine et de l’abandon qui le guettent chaque jour davantage. On peut toujours rêver.



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Laurent Dandrieu est rédacteur en chef adjoint à Valeurs actuelles, où il suit notamment les questions religieuses. Il vient de publier “La Compagnie des anges. Petite Vie de Fra Angelico” (éditions du Cerf).

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