Avec Un homme seul (Grasset, 2025), Frédéric Beigbeder signe l’un de ses meilleurs livres, sinon le meilleur.
Il faut se méfier des enfants qui écrivent. Ils utilisent la nourriture familiale pour muscler leur univers romanesque. Les pères sont souvent sous le feu des projecteurs de nos jours. Ils n’ont pas forcément le beau rôle. L’époque déteste le virilisme et veut en découdre avec le patriarcat. Alors les écrivains, qui sont pour la plupart restés des enfants, car la littérature est le contraire de travailler comme le rappelle Georges Bataille, ouvrent les ordinateurs, fouillent dans les corbeilles, lisent les mails, scrutent l’historique des recherches sur internet, bref, se transforment en commissaire Maigret à la recherche de ce « misérable petit tas de secrets », pour reprendre la formule de Malraux, citée par Frédéric Beigbeder.
Ce père qu’il croyait détester
Disons-le d’entrée de jeu, Un homme seul est sûrement l’un des meilleurs livres de Beigbeder, sinon le meilleur. L’analyse y est pertinente et le style épuré ; la formule claque et l’émotion surgit là où le récit semblait froid comme le granit, surtout au moment d’atteindre les trop courts chapitres 30 et 31, c’est-à-dire de prendre congé de Jean-Michel Beigbeder (1938-2023),
