Il fait chaud, très chaud en ce début de mois d’août. Comme diraient les météorologues pérorant sur fond vert, « l’épisode caniculaire que nous traversons » n’incite guère à la réflexion, plutôt à la rétrospective. S’il y a un fait à retenir de cette année désormais bien entamée, ce n’est pas l’introuvable reprise économique, les naissances ou les abdications royales, le coup d’Etat démocratique égyptien ou les assassinats politiques en Tunisie. Si je prends la plume après deux semaines de goberge moscovite, c’est qu’un mythe se meurt : Fred Perry. Après l’affaire Méric, le grand public sait que les fans de la marque à couronne de lauriers se castagnent lors de ventes privées, lors même que leur anticapitalisme et leur « véganisme » devraient les réunir. Depuis, la marque si prisée par les skins et les antifas clame urbi et orbi qu’elle rejette la violence et exhibe fièrement ses modèles fluos qui font fureur dans le Marais, lequel quartier abrite d’ailleurs le magasin parisien de l’enseigne, sis rue des Rosiers.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’homme qui a donné son nom aux polos, t-shirts, sacs de sport et autres colifichets so fashion s’est vu dépouiller de ses lauriers par un tennisman à peine sorti de l’œuf. À vingt-cinq ans, déjouant le mistigri qui collait aux basques de son compatriote Tim Henman, Andy Murray a remporté le tournoi simple Messieurs de Wimbledon, enterrant le titre de gloire de son dernier prédécesseur britannique, un certain Fred Perry, vainqueur en 1936.
Cela dit, rien n’est tout à fait perdu : Andy n’est pas seulement sujet de sa Majesté, il est aussi Ecossais. Pour peu que ces producteurs de pétrole et de pur malt scissionnent du royaume, feu Fred Perry retrouvera peu ou prou son titre de dernier authentique Britannique couronné. Mais sera-ce une bonne nouvelle ?
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