Le doctorat, pour les Allemands, confère un grand prestige, notamment pour une carrière politique. Mais quand la malhonnêteté du politicien se conjugue à celle de l’universitaire, les choses tournent mal!
À l’heure du couple franco-allemand subsistent tout de même des différences irréconciliables entre les tourtereaux. Tandis que dans la moitié gauloise, les politiques démissionnent à la suite de scandales impliquant du homard ou quelques fâcheuses photos, chez l’austère moitié germanique, ils ne le font que pour des raisons un peu plus solennelles.
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Le 19 mai, c’est la ministre Franziska Giffey qui en a fait les frais. Son crime ? De sérieuses allégations de plagiat sur sa thèse de doctorat. Bien qu’elle les nie, elle a démissionné, restant tout de même en course pour la mairie de Berlin. Outre-Rhin, ces affaires sont prises au sérieux, on accorde la plus grande attention aux titres universitaires, les politiciens les arborant fièrement. Cela remonte au xixe, où ils étaient souvent le seul moyen pour les roturiers de faire carrière. Les politiciens n’étant pas plus honnêtes alors qu’aujourd’hui, de nombreux scandales de plagiat éclaboussaient déjà les plus illustres réputations : on allait jusqu’à parler de trafics de titres.
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Aujourd’hui encore ils ne sont pas rares : en dix ans, une vingtaine de politiciens d’envergure ont dû démissionner pour ce motif. Parmi eux, quatre ministres, sans oublier la vice-présidente du Parlement européen. Si cette chasse au plagiat était au départ le fait de bénévoles, elle peut être maintenant menée par des cabinets spécialisés révélant son efficacité comme arme politique. Martin Heidingsfelder, fondateur de la plate-forme VroniPlag Wiki, confie qu’on lui a demandé de vérifier la thèse d’Angela Merkel à de nombreuses reprises. En tout cas, pour Debora Weber-Wulff, professeur à l’université de Berlin, le principal scandale n’est pas celui des politiciens, qui ne représentent qu’une minorité des plagiaires, mais bien de la recherche allemande en général. Beaucoup de docteurs bénéficient injustement de ce titre et de la position qu’il confère. Selon elle, lorsqu’on lit certains passages de thèses au hasard, on croirait qu’ils n’ont jamais été lus, ni par les directeurs, ni par l’auteur !