Avec humour et parfois cruauté, Françoise d’Origny raconte sa vie d’aristocrate dans un pays mutant. Quand la plupart des baronnes ou comtesses se complaisent dans les bonnes œuvres, elle a fait une grande œuvre.
Le port de tête impérieux, mais en rien hautain, l’allure élancée, une qualité de présence en mouvement qui témoigne d’un raffinement naturel et vous fait immédiatement comprendre que, bien ancrée dans ses racines aristocratiques, Françoise d’Origny mène sa vie avec une liberté non négociable. Le titre de son dernier livre le prouve à sa manière : Ces jours qui ne sont plus (Fauves éditions). Un vers extrait d’Aragon, lauréat du prix Lénine pour la paix, porté en épigraphe de plus de 300 pages qui auraient enchanté Proust !
La fragilité de l’être
Tout commence au château de Villiers, en Seine-et-Oise, où Françoise d’Origny voit le jour à une époque dont Jean Renoir a fait une peinture au vitriol dans La Règle du jeu. La scénographie s’accorde à merveille. Avec ses bâtiments en fer à cheval, son fronton triangulaire, ses premiers signes de décrépitude et surtout ses occupants – François Louis Hutteau d’Origny, son épouse Gilonne de Jannel de Vauréal, leurs enfants, Françoise, donc, et son frère Henri, ainsi qu’un couple de lévriers persans, Farouk et Farida, « très beaux et très arrogants », sans oublier nombre d’aïeuls, invités, parents proches et éloignés –, Villiers aurait eu amplement de quoi remplir plusieurs « fantaisies dramatiques » rythmées par les parties de chasse à courre, les réceptions, les mariages et autant d’enterrements. La vie comme elle va sous les meilleurs auspices. Ceci jusqu’à la guerre,
