À côté de ses grandes séries mystiques, François-Xavier de Boissoudy peint la nature telle qu’elle se révèle, elle aussi.
Avec sa technique habituelle, des encres diluées sur papier, étalées à la main, avant que la feuille ne soit marouflée sur toile, le peintre nous donne à voir plusieurs paysages dont on sent, immédiatement, qu’il les a pleinement vus et qu’ils l’ont impressionné ; on comprend qu’à fixer cette tâche de lumière éclatant au débouché d’un sentier bien encaissé, qu’à découvrir cette clairière laiteuse sous la lune, luisant derrière les grandes masses indistinctes des bosquets, qu’à saisir le jeu du soleil perçant derrière le rideau serré des arbres, F.-X. de Boissoudy a senti que le paysage livrait un secret aussi singulier que banal : cette nature existe, puissamment, elle témoigne de l’être qui anime aussi bien les arbres que l’herbe, et le talus, et le ciel, et nous-mêmes, soudain surpris d’éprouver ce poids d’existence, soudain capables d’en extraire cette qualité commune à tous, l’être, sous des modalités différentes.
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Une table de jardin sous un arbre, une prairie sous la lune, une rivière en haut d’une côte, une lisière longée en voiture : tout est appréhendé, restitué, dessiné avec le souci de rendre compte autant que fondu (grâce à ces encres colorées et étalées) pour exprimer la communauté existentielle entre le plateau de la table, l’ombre de l’arbre, l’arbre lui-même et la haie au fond, et l’air qui baigne toute la scène et nous appelle, spectateur, à entrer dans le tableau.
Grands ou petits formats, certains d’un noir aussi profond que les œuvres précédentes, d’autres d’un vert lumineux, tous, surtout, exacts dans la manière de nous communiquer l’impression initiale, l’émotion mais aussi la réflexion, la méditation brève ou longue que le paysage a déclenchée : chaque toile est ainsi lestée de cette part de lui-même que le peintre y a ajouté, chacune est une fenêtre ouverte sur une réalité plus vaste, chacune est une invitation à être soi-même attentif, au hasard des trajets, à ce que la lumière illumine, à ce que la nature recèle.
François-Xavier de Boissoudy, « Lumières du jour et de la nuit ». Galerie Guillaume, 32 rue de Penthièvre, 75008 Paris, jusqu’au 15 juin 2024.
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