Le député d’extrême gauche de la Somme, qui semble désireux de se lancer dans la course à la présidentielle, est loin de faire l’unanimité au sein de la Nupes. Les délires woke y passent désormais avant le bien commun.
Bécassine s’étant cassé une dent sur une olive espagnole, elle n’eut pas immédiatement envie d’aller à Madrid. Ni en Espagne d’une manière générale où viennent d’avoir lieu les élections municipales.
Leçon espagnole
C’est à ce sujet que François Ruffin, interviewé par France Info le jeudi 1er juin, fut convié de répondre, car tout portait à croire que le parti de Podemos s’était cassé les dents, lui, sur la loi qu’il avait fait adopter afin que les adolescents de plus de 16 ans puissent changer de genre sans l’autorisation de leurs parents. Et qu’il avait donc connu pour cela un échec cuisant. Par delà l’échec, c’est déjà la logique qui en prend un coup. Bécassine ignorait qu’on puisse faire adopter une loi qui en contredise une autre ! Car, ou bien la majorité est à 16 ans, ce qui ici n’est pas le cas, ou bien l’autorité parentale demeure jusqu’à l’âge dit de majorité. Le principe de non-contradiction n’étant pas fait pour les chiens, il serait bon de s’y tenir.
La France Insoumise avait d’ailleurs proposé, elle, lors des dernières élections présidentielles, que l’âge de voter soit à 16 ans. C’est une manie que d’ignorer à ce point le bon sens, parce que si l’on n’est pas majeur pour une chose, on ne le devient pas pour une autre !
François Ruffin, interrogé donc à ce sujet, répondit que cela ne lui semblait pas une priorité et a rappelé quelles étaient les siennes : « Le cœur du sujet, c’est le travail, le partage des richesses, la démocratie. » Il ajoutait que dans « ce climat-là de tensions, d’épuisement des esprits, il faut de l’apaisement, de la stabilité, il faut reconstruire des ponts, réparer les fractures et pas les creuser davantage. »
Un anti-woke, défavorable à la GPA, chez LFI ?
Il opposait le social à ce qu’on appelle le sociétal ; appellation qu’il faudrait tout de même revoir tant certaines revendications relèvent de la dimension anthropologique de nos vies. Bécassine sait bien qu’on vit une époque où on emploie des mots qui font « léger » alors qu’ils sont lourds de métamorphoses absolument problématiques. Le député de la Somme, fidèle à ses principes d’absolu bon sens, a toujours mis en avant le bien commun plutôt que les revendications juxtaposées de minorités, qu’on appelle du nom géométrique « d’intersectionnalité », et qui n’ont jamais fait un peuple ni un projet politique digne de ce nom.
Il a, bien sûr, reçu les tweets attendus de ses amis de LFI et d’autres, furieux qu’on puisse reléguer une loi qui, d’une part, défie la Loi, et qui, d’autre part, ne concerne qu’une extrême minorité, au profit d’un projet général qui concerne, lui, l’ensemble des Français.
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Alors, il a fait profil bas et Bécassine le regrette. Elle se doute bien que sa situation n’est pas facile et qu’on doit lui faire le coup du « Tu fais le jeu de tu sais qui… », mais elle aimerait tant qu’il tienne bon le gouvernail dans la tempête.
Pendant ce temps, à Grenoble
Parce que ça tangue franchement dangereusement. Et là où Bécassine vous emmène à présent a beau être enclavé entre les montagnes et pollué comme ce n’est pas permis, Grenoble, qui ne produit sans doute pas d’olives, est doté d’un matelot de fortune qui n’a pas été oint avec l’huile qu’il faut. M. Piolle, agacé par les saints, propose de revoir le calendrier :
Supprimons les références aux fêtes religieuses dans notre calendrier républicain : déclarons fériées les fêtes laïques qui marquent notre attachement commun à la République, aux révolutions, à la Commune, à l’abolition de l’esclavage, aux droits des femmes ou des personnes LGBT.
Ce qui a particulièrement choqué Bécassine dans ce tweet de Mr. Piolle, outre cette volonté wokiste de déshistoriciser l’Histoire ; ici, de la faire commencer avec la République, c’est également ce tour de passe passe qui consiste à mettre sur le même plan la Révolution Française, la Commune, l’abolition de l’esclavage et les droits des femmes qui ne concernent pas que les femmes mais les hommes aussi puisqu’ils leur offrent la possibilité d’une autre relation aux femmes et au féminin, et les droits des LGBT qui ne concernent jamais qu’eux-mêmes !
Comme si on pouvait comparer des luttes qui ont coûté la vie à ceux ou celles qui les menèrent à des personnes qui n’ont jamais eu besoin, que je sache, d’exposer la leur pour des valeurs qui les dépassent, et qui, de surcroît, peuvent à l’occasion menacer celle des autres lorsque ces autres émettent une opinion contraire.
Prétendre qu’une discrimination imaginaire puisse vous mettre au même niveau que tous ceux qui dans l’Histoire ont donné leur vie pour améliorer celle-ci, est une imposture majeure et pour tout dire un déshonneur.
Il est proprement ahurissant qu’un maire d’une grande ville puisse confondre les évènements de cette façon, et au nom de l’idéologie du jour, accroître mentalement le marasme que cette juxtaposition imbécile induit. Et c’est précisément faire injure à la Révolution Française, à la Commune, à l’abolition de l’esclavage et aux droits des femmes que de mettre les droits des LGBT « dans le même panier » ! Il fut un temps où tous les chemins menaient à Rome ; à présent, ils mènent tous aux LGBT…
Bécassine, pour sa part, irait bien faire un tour du côté de l’humain.
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