François Pupponi estime que les récentes émeutes ne sont pas sans rapport avec l’Islam politique. Selon l’ancien député-maire de Sarcelles, ces jeunes casseurs et pilleurs sont la chair à canon des entrepreneurs identitaires. Et le montant considérable des dégâts reflète le manque de fermeté du pouvoir.
Entretien avec François Pupponi. Propos recueillis par Céline Pina.
Causeur. Ces émeutes ont-elles ressemblé à celles de 2005 ?
François Pupponi. Dans le processus, oui. Un événement dramatique local provoque une étincelle, les quartiers s’embrasent et la prédation en bande se déploie. Il y a cependant des différences notables. Les exactions ne sont pas restées cantonnées aux quartiers. En 2023, les émeutes sont à la fois plus violentes et mieux organisées. Mais là où les émeutiers de 2005 paraissaient attendre quelque chose de l’État, les émeutiers de 2023 ont comme seul discours le rejet et la haine de la France et ne connaissent que la force dans le rapport à l’autorité et à autrui en général.
D’où vient cette mentalité ?
Depuis des années, les discours victimaires, relayés par l’extrême gauche, le mouvement racialiste et les islamistes agissent sur les cerveaux. Dans ces quartiers, les seuls adultes qui parlent aux jeunes générations sont les entrepreneurs identitaires qui voient en elles la chair à canon de leur rêve de pouvoir, voire une réserve de petits soldats prêts à semer le chaos. Pour manipuler quelqu’un, il suffit de cultiver son ressentiment.
Peut-on reprendre le contrôle ?
Dans un premier temps, il aurait fallu être très dur. Frapper vite et fort. On ne peut accepter que des hordes sauvages déferlent ainsi dans les villes pour piller, casser, brûler. Des interpellations massives permettraient d’ôter du paysage les plus enragés et les plus influents des émeutiers. Mais le pouvoir actuel est faible et le sait. Or, dans un deuxième temps, c’est la question de la présence humaine dans ces quartiers qui va se poser, car le repli territorial favorise la contre-culture et les logiques séparatistes.
Justement, on dirait que les interactions avec l’« extérieur » sont de plus en plus rares.
Oui, pour deux raisons : d’une part les entrepreneurs identitaires veulent verrouiller ces quartiers, d’autre part les politiques ne savent plus comment parler à ces habitants. Les élections municipales de 2020 se sont traduites par un basculement générationnel. Les nouveaux élus sont rarement des hommes et des femmes de terrain. Pour eux, la politique se résume à une logique de guichet et à la gestion administrative de dossiers. De plus, ceux qui tenaient traditionnellement les associations ont changé. Le vieil instituteur, le prof retraité qui assuraient l’aide au devoir ont été remplacés par des associations islamisées. Le développement des mosquées disposant de locaux a favorisé le contrôle de l’activité associative par les religieux.
La jeunesse des émeutiers vous a-t-elle surpris ?
Non. Ce sont les plus jeunes qui sont la cible de l’islam politique, fréquentent les mosquées, et sont travaillés par les associations proches des Frères musulmans. Leur violence pulsionnelle est dirigée contre la République et des institutions qu’ils voient comme des rivaux pour le contrôle des territoires. Leur discours est basique, mais clair : « On veut prendre votre place et les règles c’est nous qui allons les faire. On est ici chez nous, on est les patrons, vous, vous baissez la tête. » Les refus d’obtempérer sont un produit de cette mentalité. Ils ne voient même plus ce que la République fait pour eux. Mais la plupart des habitants des quartiers pensent que l’école gratuite, le logement social, les aides, la sécurité sociale… sont un dû. En fait, les seuls qu’ils identifient comme représentant la France sont les policiers. Ce sont les seuls et les derniers à résister aux caïds. Il faut donc leur taper dessus physiquement et politiquement, car pour être les maîtres du territoire, il faut d’abord désarmer et déstabiliser la police.
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