(Avec AFP) – C’est bien connu, le Parti socialiste a un problème avec la Ve République : ruant dans les brancards parlementaires lorsqu’il est dans l’opposition, le descendant de la SFIO se coule parfaitement dans les charentaises présidentielles lorsqu’un de ses tribuns accède à l’Elysée. François Hollande ne fait pas exception à la règle mitterrandienne, comme le prouve son interview ce matin sur RTL, où il a mis tout son art consommé de la synthèse au service d’une com’ patrimoniale. Enfilant les costumes de tous les présidents de la Ve (ou presque…), Hollande n’a pas su trancher entre ces différents hommes d’Etat. La novlangue à travers les âges, c’est maintenant!
– Chirac remixé : « La France va « faire 1,1% de croissance » en 2015. Elle est « supérieure à ce qu’elle était l’année dernière » mais « pas suffisamment parce que le lien entre croissance et emploi, il est direct.» (et vlan pour la répétition du sujet, parce que ce tic syntaxique, il est chic !). En attendant Godot, pardon la croissance qui ne vient pas, les présidents corréziens se paient de chiffres et de promesses non tenues…
– Giscard revisité : « Le rôle du président de la République, c’est de rassembler et de réunir les Français sur un projet. La France doit avancer, la France doit se réformer, la France se moderniser, être compétitive mais elle doit être juste socialement et avoir le dialogue social comme méthode. Voilà ce que je ferai jusqu’à la dernière minute de mon mandat. Et je vous dirai le moment venu ce que j’ai à faire » pour 2017. Rassembler deux Français sur trois, annoncer sa candidature à un nouveau mandat au dernier moment : y’en a un qui a essayé, il a eu des problèmes en 1981 !
– Sarkozy plagié : « On va encore prendre des dispositions pour que l’accession à la propriété (…) puisse être facilitée, et je ferai des propositions dans cette direction. » Demain, tous propriétaires (et surendettés) !
– Pompidou pompé : « Nous devons vivre dans une société apaisée. Il y a toujours des conflits, toujours des confrontations, toujours des intérêts qui sont divergents. Comment les surmonte-t-on ? Par la violence ? Sûrement pas. Par de l’apaisement, donc par le dialogue. » Vous rêvez d’une société harmonieuse et apaisée, avec zéro conflit et nourrissez la nostalgie des Trente Glorieuses ? Prenez votre carte à l’UDR !
– Mitterrand pastiché : « Une région qui serait dirigée par le Front national, ça aurait des conséquences y compris dans les décisions que ces élus auraient à prendre » notamment en termes « de discriminations, d’abandon d’un certain nombre de politiques sociales ou de politiques à l’égard des familles en faisant des distinctions entre » elles. Le frontisme, c’est la guerre !
De Gaulle oublié ? On n’enfile pas si facilement le style Grand siècle du grand Charles, quand bien même on a juré de renouer avec une certaine forme de gaullisme pour rompre avec cinq ans de bougisme sarkozyste. Du coup, notre Président (au sens quasi-grolandais du terme) ne sait plus sur quel pied marketing danser : la solennité tendance Pilhan ou l’omniprésence médiatique version Gantzer ? L’improbable synthèse entre ces deux spin doctors a produit l’entretien soporifique de ce matin. Les grands coups de moulinet présidentiels, ça eût payé…
*Photo : © AFP STEPHANE DE SAKUTIN.
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