Tous les autres s’appellent Ali (1974) Comment ne pas penser au titre traduit du film du réalisateur Rainer Werner Fassbinder (en allemand, Angst essen Seele auf, «Peur dévorer âme», d’après une réplique) qui met en scène l’amour entre un immigré musulman et une veuve allemande, quand la campagne détestable contre «Ali Juppé» remonte à la surface, cette fois pour cibler et atteindre de façon encore plus calomnieuse «Farid Fillon», accusé de connivence avec les islamistes? Le tout sur la (mauvaise) foi d’une photo de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, inaugurant une mosquée en 2010 à Argenteuil, à laquelle s’ajoutent des photomontages grossiers le présentant en barbe et turban. Il se trouve que les traits réguliers du visage de François Fillon se prêtent déjà mal au talent des meilleurs caricaturistes. Alors ces photomontages sont encore plus ineptes, plus inaptes à lui faire du dommage.
Une croisade injuste
Or la campagne annoncée et dûment expliquée par le Huffington Post a pris de l’ampleur. Le Figaro, sous la plume de Pierre Pelletier, s’en fait écho. La «fachosphère» aiguise ses armes pour duper les Français, surtout sur les réseaux sociaux, plus facilement pollués par de fausses nouvelles et de «révélations» à sensation, version Internet de la presse de caniveau. A telle enseigne que l’équipe dudit Farid prépare une contre-offensive qui ne saurait tarder. Après le lâche et odieux attentat de Berlin qui rappelle la nuit macabre du 14 juillet à Nice, elle se doit d’être vigoureuse.
Ce qui était injuste à l’égard d’Alain Juppé même s’il a posé en apôtre d’accommodements dits à la Québécoise et a exalté «l’identité heureuse», le devient encore plus dans le cas de François Fillon qui, lui, n’est guère dans la posture. D’une certaine manière, la plupart de nos politiques pourraient bien se dénommer Ali, qu’il s’agisse de François Hollande, de Manuel Valls, de Benoît Hamon si bonhomme quand des cafés de certains quartiers sont interdits aux femmes. La liste de ceux qui composent avec le pire pour prendre des voix aux électeurs est fort longue. Un peu d’étymologie sur le mode plaisant : d’après Wikipédia, «Ali» est un prénom mixte arabo-scandinave! Dans les pays nordiques, il s’agit d’un prénom masculin/féminin depuis toujours, devenu en allemand «Adel», «noble». Il n’y a pas de Saint Ali, sauf pour les chiites qui honorent ainsi le gendre du Prophète, leur premier Imam. Apparemment, on pourrait néanmoins souhaiter leur fête aux Ali, à la Toussaint: un peu mortuaire, n’est-ce pas surtout si c’est suivi d’une défaite! En arabe «Ali», «l’élevé, le haut» est très courant. Mais revenons à «Farid Fillon». Ce beau prénom arabo-musulman lui va comme un gant. «Farid», en arabe, «l’Unique», est, selon la légende, donné pour attirer l’élection divine sur celui qui le porte. Il existerait même un Saint Farid dont la fête serait à souhaiter le 13 septembre, le jour de Saint Aimé. Quant au caractère reconnu aux Farid, il coïncide fort bien à la personnalité de François Fillon et même à la teneur de son programme: «un être fort, indépendant, entreprenant, très axé sur le domaine concret et pragmatique. Il est droit, honnête et même souvent très strict. Il se révèle responsable et vous pouvez lui faire confiance. Il refuse toute forme de passivité ou de laxisme. Farid est tout sauf un partisan du moindre effort». Voilà qui rassure, alors pourquoi pas ? Va pour Farid!
Fillon éconduit un prince saoudien
Sur le registre sérieux, François Fillon est «l’unique» candidat à proposer une action d’envergure Contre le totalitarisme islamique (Albin Michel, 2016), un sujet qui lui tient tant à cœur qu’il en a fait la matière d’un livre à lire d’urgence. L’on ne saurait qu’acquiescer à son diagnostic clairvoyant et à ses propositions résolues et réalistes. De plus, il ne cesse d’envoyer des signaux positifs, le dernier étant d’avoir décliné la rencontre avec un prince saoudien. Point de salamalecs ni courbettes chez Fillon qui refuse de faire carpette devant «nos bons émirs» habitués à être choyés et décorés par les pouvoirs en place. Pour bien gouverner, «il faut avoir constamment le gouvernail en mains, la carte et la boussole sous les yeux», disait Léon Blum («Lettres sur la réforme gouvernementale», Revue de Paris, 1917). La carte, Fillon la connaît bien pour avoir voyagé dans l’Orient désorienté. Sa boussole pointe juste, dans le titre même de son ouvrage édifiant, Contre le totalitarisme islamique et non «islamiste». Sans retrouver la bonne direction, l’Occident des «bien-pensants» n’arrivera jamais à sortir du double bourbier où il patauge: l’intérieur où dominent des minorités musulmanes puissantes, créancières, même outrancières; l’extérieur où il guerroie sans conviction, ni stratégie ni doctrine politico-militaire conséquente. Nos alliances (notamment avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, terres du wahhabisme conquérant) sont toutes à réviser. François Fillon en parle sans états d’âme, sans tergiverser, touché qu’il est par nos drames.
La conduite à tenir en appelle à «l’indispensable sursaut», pour «savoir vite, agir rapidement» (p. 117 et 121). Il s’agit bien de combattre une vision totale de l’homme/la femme et de la société que veulent nous imposer non seulement les intégristes et ou/djihadistes mais tous ceux dont la pratique religieuse et de vie heurte de façon frontale les principes de la République et les mœurs françaises. En ce domaine vital pour les Français, François Fillon a l’heur d’évoquer le Général de Gaulle »: «l’optimisme va bien à qui en a les moyens» («Mémoires de guerre», II, «L’Unité»). Les tragédies toutes récentes lui donnent raison. Puisse-t-il être entendu et suivi…
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