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François Bayrou entre hier et demain…

Le président du Modem veut encore tenter sa chance en 2027


Le maire de Pau, relaxé dans l’affaire des assistants parlementaires, annonce avec fracas être en désaccord profond avec la politique suivie par Gabriel Attal, et il refuse de rentrer au gouvernement. L’homme politique de 72 ans semble ainsi se préparer pour 2027. Avec un argument simple: réconcilier la France d’en haut et d’en bas, pour empêcher l’arrivée du RN aux manettes. Ce que la trop parisienne macronie serait incapable de faire…


François Bayrou a refusé d’être ministre des Armées ; et pour l’Éducation nationale, « faute d’accord profond sur la politique à suivre », il n’entrera pas au gouvernement. Je perçois comme un ouf de soulagement du Premier ministre… On peut deviner que la philosophie éducative de François Bayrou l’aurait conduit vraisemblablement à être plus souple et moins réactif que l’ancien ministre Gabriel Attal. Ceux qui prédisaient qu’à tout prix il participerait à ce gouvernement qui n’en finit pas d’être inachevé en sont pour leurs frais. Je n’ai jamais vraiment apprécié le François Bayrou faiseur de président puisqu’il est clair que, sans lui, Emmanuel Macron n’aurait jamais été élu en 2017, si on ajoute la calamité judiciaire qui a amoindri François Fillon. Je n’ai pas davantage aimé l’auxiliaire dévoué et fidèle du macronisme, qui, malgré quelques accès surjoués d’indépendance, n’a jamais dérogé à une ligne qui me l’a rendu quasiment étranger par rapport à la personnalité que j’avais croisée puis connue et saluée au cours d’une période où il avait eu un rôle décisif de vigilance durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sans oublier une direction vigoureuse du parti centriste qu’il avait sorti de la tiédeur et de l’équivoque constante.

Bayrou relaxé dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem

Comme je me doute que beaucoup, dans tous les cas, s’en prendront à lui en glosant sur son âge, son incroyable bonne fortune judiciaire – y aura-t-il appel ou non ? -, son ambition jamais rassasiée, son obstination à ne pas sacrifier toute espérance présidentielle pour 2027 et sur son faible bilan lors de son passage rue de Grenelle (de 1994 à 1997), comme on va insister sur les ombres du personnage, sur la plaie de sa longévité dans notre monde politique, je voudrais au contraire, avec nostalgie, rappeler la chance qu’il a été et les lumières projetées par une destinée singulière, entêtée, courageuse et tolérante à une certaine époque.

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Je n’oublie pas, je n’oublie rien. À chaque université d’été du CDS, il avait la délicatesse de me proposer d’intervenir en me garantissant une totale liberté. Il l’a toujours respectée et je n’ai jamais perçu, chez lui, la moindre inquiétude face à un discours imprévisible, désaccordé d’avec les rails du centrisme classique, parfois provocateur. J’ai pu ainsi vérifier sa sincérité dans l’affirmation de ses valeurs et la validité de ce que bien plus tard il a déclaré : quand tous pensent la même chose, on ne pense plus rien. Quand Nicolas Sarkozy était président de la République, ses avertissements sur le déficit, le scandale de l’arbitrage Sarkozy-Tapie-Lagarde, une pratique du pouvoir ne brillant pas par l’allure et la dignité, ont rassuré plus d’un citoyen. Il a représenté alors une forte espérance et dans l’ensemble de ses interventions et actions, sa vision de la politique, caractérisée par une volonté de dépassement de la droite et de la gauche et par un humanisme social, n’était pas sans anticiper ce qu’Emmanuel Macron a exploité par la suite. Sa propre campagne présidentielle en 2002 n’a pas été médiocre et s’il n’est pas parvenu au second tour, les thèmes qu’il a développés ont marqué l’opinion ainsi que telle ou telle de ses réactions impulsives, par exemple sa petite tape à un gamin qui voulait le voler.

Traversée du désert

François Mitterrand qui était aussi impitoyable sur les autres que complaisant avec lui-même, avait toujours été impressionné par l’effort et la constance dont François Bayrou avait dû user pour vaincre son bégaiement. Ce serait se tromper sur lui que de l’appréhender seulement au regard de ses expériences ministérielles (l’une de très courte durée place Vendôme) et de sa traversée du désert (très relative) avec le haut-commissariat au Plan durant l’attente de l’issue judiciaire le concernant. Maire de Pau, je crois savoir qu’une majorité des habitants est satisfaite de ses orientations et de son action.

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Tourner en dérision cette personnalité parce qu’elle serait depuis trop longtemps dans notre espace démocratique serait faire fi d’un homme politique qui n’a jamais fait honte à la République, d’un homme que l’humanité n’a jamais déserté et peut-être d’un futur candidat qui n’a pas dit son dernier mot.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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