La Cité du vitrail, à Troyes, rend hommage à Francis Chigot, maître verrier de la Belle Époque et de l’Art déco. L’occasion de découvrir les vitraux qu’il avait créés pour la basilique de Conques, et qu’un certain Pierre Soulages a remplacés dans les années 1980. Prétendant tout sacraliser, le « maître du noir » n’a rien compris au sacré.
Parfois, je ne peux pas m’empêcher de me faire du mal. C’est ainsi qu’en novembre 2022, j’ai tenu à suivre en direct l’hommage national à Pierre Soulages, dans la Cour carrée du Louvre. Tout ce qu’il y avait d’officiel en France s’est retrouvé là pour rendre un hommage officiel à l’artiste français le plus officiel. Emmanuel Macron a repris l’idée, maintes fois développée, qu’avec un tel artiste, la lumière sortait du noir et inversement. On a entendu des phrases telles que : « Le noir avait triomphé et la lumière fut. » Ou encore : « Ne travailler qu’à partir du noir, le réinventer, y faire surgir la lumière. » Durant les longueurs, j’ai repensé à une belle scène des Copains de Jules Romain où les plus hautes autorités d’Auvergne inaugurent en grande pompe une statue de Vercingétorix. Cour carrée, c’était un peu la même ambiance. Puis j’ai sursauté en entendant cette phrase : « À 12 ans, alors qu’il visitait l’abbatiale de Conques avec ses camarades de classe, il tourna son regard vers la nef, leva les yeux vers les vitraux, et ce fut comme une révélation… » Il y avait donc de beaux vitraux à Conques avant ceux de Soulages, et ce sont même eux qui auraient décidé de la vocation de cet artiste ! Il fallait mener une petite enquête.
Un lycée et une association
Il y a quelques années, le lycée technique Turgot, à Limoges, a lancé le projet de retrouver et de restaurer les vitraux qui ornaient la basilique de Conques avant Soulages. Les cartons avaient été
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