Avant même le coup de sifflet, ouvrant le début des hostilités sur le terrain mercredi prochain, la France a gagné.
Dans la vie, il y a deux manières de voir les choses : le verre à moitié plein ou bien à moitié vide. De même pour le match à venir entre la France et le Maroc, soit on en reste aux émeutes, soit on lève les yeux vers la véritable réussite française qu’est Walid Regragui, le sélectionneur marocain et l’architecte de l’exploit historique des « Lions de l’Atlas ».
Au sujet des émeutes, tout a été dit et rien en même temps. Une minorité de voyous va casser Paris pour démontrer aux Français qu’ils sont un peuple dominé et que la France est un pays colonisé par les Vandales. Selon l’affiche du jour, ces Vandales peuvent arborer le drapeau marocain, algérien, tunisien ou turc. Cette fois-ci, la tristesse de voir Paris razziée sera mitigée par le véritable score du match et qui consiste dans la victoire de la France, la victoire la plus belle et durable qui soit : l’entraîneur est Français, un pur fruit de l’école française du football et surtout une belle réussite de l’assimilation véritable, celle qui fabrique des hommes valables, des grands messieurs, des références dignes d’admiration. Wali Regragui est né dans l’Essonne, il est citoyen français, il a fait sa carrière de joueur en France avant de s’expatrier au Maroc en tant qu’entraîneur. L’avez-vous entendu parler ? Il s’exprime dans une logique parfaite et dans un style efficace et direct. Walid Regragui est probablement la seule personne préoccupée par l’efficacité (c’est-à-dire par le résultat) dans la salle de presse lors de l’après-match : les journalistes marocains lui parlent de style de jeu (donc de futilité) et lui répond résultat. Il est cartésien, et cela c’est l’empreinte de la France, pas du Maroc ni du Moyen-Orient.
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Qu’il s’appelle Walid ou Jean-Pierre ne veut rien dire ! Il est Français par ses neurones et son état esprit. Qu’il se dise passionné par le Maroc n’enlève rien à son identité « cérébrale » : il applique son esprit logique Made in France à la cause du football marocain. Il est la méritocratie incarnée, la méritocratie appliquée au football d’un pays arabe et musulman, rongé par le népotisme et par le manque de sérieux.
D’ailleurs, Walid Regragui aurait été « impossible » au Maroc, car chez moi la méritocratie passe au second plan derrière la «recommandation». Au Maroc, trop souvent, prévaut le « qui t’a recommandé ? » et non le « qu’as-tu obtenu comme résultat dans tes précédents postes ? »
Ainsi, si j’étais Français, je serais fier en cette veille de match. La France joue contre la France. Le match est gagné.
Il faut espérer que les leaders politiques des deux rives voient clair dans ce qui se joue sur la pelouse mercredi soir. Au-delà de la compétition, deux versions de la France disputeront la demi-finale de la Coupe du Monde. Victoire de la mission civilisatrice de la France qui a su former un être humain aussi admirable que l’entraîneur de l’équipe marocaine.
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Une fois la Coupe du Monde terminée, tout leader, réellement préoccupé par les intérêts supérieurs du Maroc, aura l’obligation de dénicher les centaines de Walid Regragui que la France a formées, et qui sont prêts à réconcilier l’hôpital marocain avec la santé, l’école marocaine avec l’enseignement, l’entreprise marocaine avec l’innovation, l’agriculture marocaine avec la productivité, le tourisme marocain avec le sérieux, et la liste est longue.
Merci la France ! Au Maroc de jouer maintenant !
Je suis sûr que Lyautey aurait pleuré des larmes de joie devant une aussi belle symbiose entre les peuples, une si belle fécondation du Maroc par la France. Et j’espère que demain le Maroc, avec ses qualités propres, fécondera à son tour la France pour soigner sa dépression morale et psychique.
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