Les eurolâtres de la rédaction matinale de France Inter, Patrick Cohen et Bernard Guetta ont monté ce matin une opération de prestige : anticipant la conclusion d’un accord avec la Grèce lors du Conseil européen, ils s’étaient transportés à Bruxelles pour célébrer l’événement. Jean-Claude Juncker en personne était prévu pour saluer cette sortie de crise à laquelle il avait consacré toute sa finesse diplomatique luxembourgeoise. Bernard Guetta, resté pendant ces dernières semaines bien silencieux sur le sujet, aurait entonné, à sa manière « L’hymne à la joie » et répété une fois de plus que « L’Europe avance de crise en crise vers son avenir fédéral radieux » et aurait stigmatisé les esprits chagrins eurosceptiques.
Las ! Les douloureuses concessions d’Alexis Tsipras, saluées prématurément par François Hollande, se sont révélées une nouvelle ruse pour gagner du temps… Retour, donc, à la case départ et à l’affrontement direct des Grecs avec les 27. L’expédition bruxelloise de France Inter a donc tourné au Waterloo médiatique : faute de Juncker, retourné au charbon, on eut droit à un débat insipide entre un député européen vert belge (double peine !) et un démocrate chrétien luxembourgeois nommé Engel (ça ne s’invente pas !). Bernard Guetta, jadis bon latiniste de l’hypokhâgne de Henri IV, aurait dû relire Virgile : « Timeo Danaos et dona ferentes » ‘(Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des présents).
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