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Si même France Inter plonge dans l’islamophobie…

Tout fout le camp: la Macronie est en folie


Si même France Inter plonge dans l’islamophobie…
Nicolas Demorand sur France Inter face à Gérald Davet et Fabrice Lhomme, 15 octobre 2018 ©Youtube/France Inter

Tout fout le camp. La semaine passée a vu France Inter parler d’islamisme, Macron faire allusion à Zemmour et l’humoriste Fary faire rire une personne: Yann Barthès, qui mène la contre-offensive à gauche… Vivement demain.


Alors qu’y passent frénétiquement les pages de la presse, quand je prends en main le dernier Marianne, mes doigts, soudain, deviennent gourds. « Immigration : Et si on disait la vérité », promet l’hebdo en une. Quel mauvais goût ! Jusqu’alors, l’immigration était une chance et chaque citoyen préparait sa chambre d’ami pour loger un migrant. Sous-titre : « La folie d’un monde sans frontières. »  C’est à Marianne qu’ils sont devenus fous, non ? Natacha Polony n’a pas trainé pour y imposer sa patte délicate ! C’est selon l’humoriste France-interiste, Guillaume Meurice, « la nouvelle formule de Valeurs actuelles ». Dans sa bouche, ce n’est pas un compliment. Entre résignation et indignation, la gauche est fort tiraillée. Elle aimerait éviter les barbelés.

France Inter plonge dans l’islamophobie

Et comme un petit 7/9 avec Nicolas Demorand a toujours quelque chose de rassurant, réfugions-nous sur sa station ! Invités lundi 15 octobre : les journalistes-rois-du-Monde, Davet et Lhomme, venus présenter leur brûlot « Inch’Allah : l’islamisation de la Seine-Saint-Denis à visage découvert ». Un autre titre choquant, si vous voulez mon avis. Le sujet étant « compliqué », « clivant » et soumis à « beaucoup d’idéologie », une bonne partie de l’interview est consacrée à la forme du bouquin plutôt qu’au fond. Pas folle, Léa Salamé s’attarde ainsi sur les méthodes originales de nos deux modestes journalistes. Ils ont confié l’enquête de terrain à des étudiants, ces malins ! Les chers petits ont été épaulés et bien conseillés par Davet, Lhomme et leur sidéral savoir, c’est mignon comme tout. On apprendra quand même qu’il existe dans des écoles des cantines où les élèves non musulmans – minoritaires – sont qualifiés d’ « impurs » et ne mangent pas à la même table que les autres, ce qui est moins mignon. Et n’augure pas des lendemains qui chantent. Autre phénomène cocasse : une épidémie d’allergies au chlore touche les gamines attendues au cours de natation. Heureusement, une directrice d’école du 9-3 défend les « valeurs de la république » dans le bouquin. Ouf.

Immigration, identité, islamisation : ces thèmes sulfureux sont sur toutes les lèvres. Le déni des problèmes s’éloigne tout doucement… Si la Macronie et ses médias ne se mentent plus, c’est tout comme s’ils faisaient « semblant » d’en parler. En quelques jours, une pétition lourdingue réclamant un référendum sur l’immigration a recueilli pas moins de 50 000 signatures sur le net. Les pétitions monstres, d’habitude, nos médias adorent. Mais cette fois, personne n’en a parlé, à part le canard qui effraie tant Guillaume Meurice… Les autres ont commenté la mort du malheureux Aboubacar, 13 ans, au cours d’une rixe aux Lilas. Une commune de Seine-Saint-Denis.

Manu Zemmour et Jean-Luc Zuckerberg

Par ailleurs, c’était pas la peine de nous répéter pendant un mois que la théorie de Zemmour sur les prénoms était une énorme connerie. Même le président semble « confesser » qu’il y a bien là un sujet ! Personne ne l’a relevé, alors je m’y colle : Macron a dit dans son allocution télévisée de lundi qu’il ne fallait « pas se soumettre aux inégalités de destin […], celles dont on hérite et avec lesquelles on vit […], ce sentiment d’être empêché, d’être assigné à une place dans la société ou dans un quartier parce qu’on est né là avec tel prénom ou dans telle famille »… Difficile de ne pas voir un clin d’œil à Zemmour.

En parlant de confessions, il est bien connu que le confessionnal fréquenté par la génération qui arrive est davantage celui des téléréalités que celui des églises. Il y en a un qui l’a compris, c’est Mélenchon. Alors que la justice menait des perquisitions dans son appartement et au siège de la France insoumise, le leader d’une certaine gauche a filmé en direct sa colère via Facebook Live. Moderne, le vieux ! Alors que la situation se tendait – les factieux des Insoumis n’aiment pas que la justice fouille dans leurs papiers  – voilà que la connexion au réseau plante. Accès de mythomanie complotiste de Méluche : les flics seraient de mèche avec Zuckerberg pour brouiller son signal et entraver sa liberté de dénonciation ! Sacré Mélenchon, il est naïf : si Facebook se permet parfois de censurer, c’est d’une façon plus pernicieuse… De l’autre côté de l’échiquier politique, Marine Le Pen a beau jeu de soutenir à l’Assemblée son alter ego de gauche, dont elle se dispute les votes populaires. En vérité, cette dernière n’est pas étrangère aux difficultés du sacré leader des Insoumis…

Barthès mène la Résistance

La Macronie ne serait-elle alors que mensonges ? Chez les médiatiques et parmi leurs invités, la confusion règne. Dans l’émission Quotidien dont on parle tant, le comique Fary a été invité cette semaine. Le drôle prétend faire rire avec un spectacle autour de l’identité (c’est fini oui ?). Curieusement, malgré un public chauffé à blanc chez Yann Barthès, personne ne rit franchement. Ce comique nous est pourtant présenté comme ce qui se fait de mieux. Il a la prétention de remplir Bercy : pourquoi pas ? Même les philosophes font de l’humour ces temps-ci, façon chansonnier beauf pas drôle. Pourquoi les vrais chansonniers ne pourraient-ils pas alors se prendre pour Johnny Hallyday le temps d’une soirée ?

Un autre jour, c’est un philosophe moins polisson et son livre « évènement » qui sont invités de Barthès. Destin français, c’est ça ? Non, c’est Raphael Glucksmann avec Les enfants du vide. Le malin annonce vouloir lancer un mouvement progressiste, entre Macron et Mélenchon. On va rire, c’est souvent drôle quand les philosophes descendent de leur petit nuage de savoir voluptueux pour se mêler aux tristes réalités de la Cité ! Barthès, amoureux, est bien sûr très enthousiaste vis-à-vis du projet politique précité.

Autres réjouissances sur le front de la Résistance ? Le reporter de guerre, Patrick Cohen, est blessé et se retrouve plâtré, il s’est ramassé dans Paris. En trottinette. Cet épisode plaisamment grotesque résume bien l’époque. La tournée des médias de Marc-Olivier Fogiel, aussi. Lui pense se battre contre une redoutable adversité mais ne rencontre finalement que bien peu de contradicteurs dans son combat pro-GPA… C’est entendu : les enfants ne sortent désormais plus forcément de l’utérus des mamans. La vérité, elle, sort toujours de la bouche des enfants : « Vous voyez bien que j’ai deux papas ! », répète à l’envie l’une de ses gamines quand on lui demande qui est pour elle, Michele, sa mère-porteuse de Floride.

Macronistes, il en reste !

Dans cette course folle après un réel qui se distend, l’exécutif macroniste n’est pas en reste.

Marlène Schiappa, sous-ministre qui a réussi le tour de force de remplacer la fracture sociale par la fracture homme / femme, voue une admiration sans bornes à Macron. La nana ne nous ment plus. Dans un bouquin récent, à mi-chemin entre le Journal de Mickey et Le deuxième sexe, l’essayiste écrivait que ses gamines auraient comparé Macron à Jésus Christ. J’avais trouvé ça peu concevable à l’époque. Cette semaine, on apprend en une du Canard enchaîné qu’elle ne se cache plus et avouerait bien que c’est en fait elle qui voit en Macron un prophète beau à en pleurer chaque mercredi matin : « Il est christique. Les gens le ressentent comme moi, ils aiment qu’il les touche, les prenne par les épaules. »

De son côté, on le sait, Gérard Collomb a démissionné. Quel choc ! La mythomanie reprend les médiatiques : ils font semblant de ne pas voir qu’ils ont passé plus de temps à commenter les deux semaines de flottement pris par le remaniement que les effectifs effectivement remaniés. Quinze jours d’attente pour finalement se voir annoncer que c’est l’angoissant Christophe Castaner qui serait désormais chargé de nous protéger… Autre vérité qu’il serait bon de dire : Collomb se barre car dans la configuration actuelle du pays, on ne peut rien faire à l’Intérieur. Avec les frontières ouvertes et une justice laxiste, le pouvoir est plus agréablement exerçable « en régions », dans la métropole de Lyon, qu’à Paris dans un ministère.

Enfin, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, l’affirme : « Nous sommes le gouvernement des classes populaires et moyennes ». Interdit de rire !



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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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