Accueil Culture «Fortune de France»: (re)lire la saga de Robert Merle à l’occasion de la diffusion de la série

«Fortune de France»: (re)lire la saga de Robert Merle à l’occasion de la diffusion de la série


«Fortune de France»: (re)lire la saga de Robert Merle à l’occasion de la diffusion de la série
France TV.

France 2 diffuse ce soir l’adaptation de la saga populaire historique de Robert Merle. La série Fortune de France nous plonge au cœur de la France des guerres de religion, au XVIe siècle. Mais comment la télé publique peut-elle réduire en six épisodes de 52 minutes pareille saga littéraire de 13 volumes ? À la réalisation, Christopher Thompson, lequel s’était attaqué au mythe de Bardot l’année dernière, on s’en souvient


Annoncée en grande pompe par France 2, la série Fortune de France sera diffusée sur la chaîne publique à partir de ce 16 septembre. Il ne s’agira ni d’un documentaire sur Bernard Arnault, François Pinault ou l’un des tycoons hexagonaux ! Ni d’une enquête sur les trésors de la Banque de France, mais bien une adaptation de la saga éponyme, rédigée par Robert Merle entre 1977 et 2003. L’occasion est idéale pour se replonger dans une fresque où le talent littéraire le dispute à l’immersion dans une période troublée de l’Histoire de France.

Plongée passionnante dans l’histoire de France

Dans le numéro estival de Causeur, consacré aux jeunes talents engagés dans le combat d’idées face aux forces déconstructrices, Eugénie Bastié conseillait la lecture de Fortune de France : c’est ainsi que j’ai commencé à me plonger dans le cycle romanesque cet été. Et puis, je fus autrefois passionné par une autre grande saga : Les rois maudits qui consacra Maurice Druon au panthéon de la littérature populaire.

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La somme littéraire de Robert Merle est une plongée dans la France de la seconde partie du XVIe jusqu’au mitan du siècle suivant, mêlant la petite et la grande histoire, personnages réels et fictifs, descriptions au cordeau des événements (épidémie de peste, vie et mort des souverains, siège de la Rochelle, bataille d’Ivry…) et balbutiements du cœur, où l’on se trouve, en compagnie de La Boétie, de la cauteleuse Catherine de Médicis ou de Michel de l’Hospital, mais aussi des nombreux anonymes : les nourrices « qui ont du lait à revendre », les valets, les artisans, les chambrières… 

Huguenots contre catholiques

Les tensions devenues guerres entre catholiques et protestants servent de toile de fond à l’histoire et chacun, dans ce conflit entre huguenots et papistes, se positionne selon sa foi, sa fidélité et souvent ses intérêts. Ainsi, les nouveaux convertis se voient bien marris de perdre cinquante jours chômés avec la suppression du culte des saints ; Pierre de Siorac, narrateur, choisit la voie de son père, mais garde, en vertu d’une promesse faite à sa mère agonisante, une médaille de la Vierge Marie autour du cou. Entre fidélité à la foi et à la patrie – face aux Anglais -, le choix est parfois tout aussi cornélien.  

La saga débute réellement dans le Périgord, non loin de Sarlat, dans cette France profonde et intemporelle, aux paysages marqués par les herbes folles, la pierre qui s’élève en châteaux, les cours d’eau qui serpentent et les moulins. Forcément, dans ce décor, on occit, on ripaille, on joute, on sonne des hallalis, on pille, on clabaude. Mais la trame ne reste cantonnée dans ce pré carré et visite les prairies, les bourgades et les villes empruntées, assiégées ou convoitées par les ambitieux et les puissants, d’ici et d’ailleurs.

Un peu court…

La série diffusée sur France 2 sera-t-elle à la hauteur des attentes ? Nicolas Duvauchelle (Polisse, La fille du puisatier…) incarnera Jean de Siorac ; Simon Zampieri, son fils Pierre ; et Lucie Debay, son épouse Isabelle de Caumont. A l’évidence, si l’on peut craindre une adaptation à l’eau de rose ou une réécriture à la mode woke, ne soyons pas d’emblée négatifs. La gageure sera néanmoins de taille tant il semble a priori difficile de réduire à six épisodes ce qui fait le sel d’une suite littéraire : la diversité des points de vue – des humbles comme des nantis -, l’évolution et l’élévation sociale des personnages, l’installation d’une atmosphère et surtout la subtilité de la langue.

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Et le principal talent de Robert Merle est certainement de manier celle-ci avec la dextérité d’un archer.  Le style est enlevé, parfois touffu, toujours brillant ; mieux l’auteur parvient à mêler les styles et les genres, français du XVIe et du XXe, parlers populaire et occitan – un dictionnaire est disponible en fin d’ouvrage (au hasard, « moussu : monsieur », « galapian : gamin », « s’ococouler : se blottir »). Dès lors, avant la diffusion de la série, il importe de se plonger dans quelques-uns des treize volumes. Avec un effet garanti : raviver la passion de l’Histoire, de la France et de ses personnages. 

Ce soir à 21h05 sur France 2.

Fortune de France, tome 1

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