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Fort Sagat


Alors que la gynocratie nous assaille de toutes parts, un dernier bastion d’irréductibles machos résistent à la féminisation. Non, contrairement aux apparences, cette phrase n’est pas d’Eric Zemmour. Elle vient à l’esprit de quiconque regarde Homme au bain. Porté par une bande-son tonique signée du groupe nord-irlandais Two Door Cinema Club, le dernier film de Christophe Honoré reprend un thème indémodable : la rupture et l’inévitable chagrin qui s’ensuit.

Mais comme dans La Belle personne, qui s’inspirait de La Princesse de Clèves, le classicisme du sujet n’épuise pas l’originalité du film. Christophe Honoré a eu l’idée brillante d’aller chercher François Sagat, star du porno gay aux muscles de lutteur grec, pour incarner l’amant éconduit.

Résultat : bien qu’interdit aux moins de 16 ans, le film ne sombre jamais dans la pornographie physique ou esthétique. Contre toute attente, loin de racoler le spectateur par de grossiers effets de manche, François Sagat éclabousse l’œuvre de sa présence émotionnelle. A la fois brut et sensible, aussi musculairement imposant que sentimentalement fragile, il campe un personnage parfaitement crédible tout en retenue dans les scènes d’émotion.

L’absence de son alter ego parti à New York fournit quelques unes des plus belles scènes du cinéma d’Honoré, Sagat se trouvant dos au mur en contemplant la solitude de son appartement de Gennevilliers. Aux prises avec la vacuité profonde de l’homme, il s’oublie en multipliant les étreintes fugitives avec des inconnus.

Sorti en septembre 2010, Homme au bain n’a pas assez fait parler de lui en dehors des cercles confinés du cinéma d’auteur et du milieu gay. Malgré un scénario inégal, le jeu subtil et attentif de François Sagat nous fait dire que c’est bien dommage…



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est journaliste.

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